Chaleur record : des temps incertains pour le nucléaire français

La chaleur affecte également les centrales nucléaires. Ils fournissent plus de 70 pour cent de l’électricité en France. Presque un exemplaire sur deux est hors service, notamment à cause de la corrosion et de l’entretien.

18/07/2022 | 02:16 minutes


Sur la page d’accueil du gestionnaire de réseau français RTE, un graphique à barres aux couleurs vives montre la part des différentes sources d’énergie dans le mix électrique. La barre jaune a perdu de son éclat depuis quelques jours : l’énergie nucléaire est bien en dessous du niveau normal de 70 pour cent. 29 des 56 réacteurs nucléaires que compte la France ne produisent actuellement aucune électricité. Une valeur remarquable pour un pays qui dépend de l’énergie nucléaire comme aucun autre pays en Europe.
Les températures extrêmes cette semaine contribuent aux nombreuses pannes de centrales nucléaires. Selon la loi, l’eau de refroidissement que les centrales nucléaires rejettent dans les rivières ne doit pas dépasser une certaine température. Mais c’est exactement ce qui n’est plus le cas dans de nombreuses régions où les températures dépassent parfois les 40 degrés. Une douzaine de réacteurs ont été arrêtés. Ce n’est que grâce à une exception que quatre centrales électriques sont temporairement autorisées à continuer à produire de l’électricité – en fonctionnement minimum.
Dans un contexte de changement climatique, Manon Besnard de l’Institut de l’énergie Negawatt appelle à une politique énergétique préventive :

La chaleur n’est pas le seul problème des centrales nucléaires françaises. De nombreux réacteurs montrent leur âge et sont en cours de révision par l’énergéticien EDF.

La centrale nucléaire de Gravelines, dans le nord de la France, sera par exemple fermée pendant six mois. Lors de l’inspection, les ingénieurs ont constaté d’importants dégâts de corrosion. « Nous devons remplacer de nombreuses pièces de l’enveloppe métallique. Il ne faut pas prendre trop de risques », déclare Jean-Marc van Aldewereld de la centrale nucléaire de Gravelines.

Ce n’est qu’après les réparations que la sécurité pourra être garantie et que le réacteur restera connecté au réseau pendant encore dix ans. « A cause de la pandémie, de nombreux réacteurs n’ont pas pu être entretenus. Tout cela se produit actuellement et provoque tellement de pannes », résume la chercheuse Manon Besnard.

Pour l’énergéticien EDF, les inspections ne sont pas le seul chantier. L’opérateur est lourdement endetté. C’est pourquoi l’État français, actuellement principal actionnaire avec 84 pour cent, va reprendre entièrement EDF – également afin de pouvoir construire au moins six réacteurs de dernière génération. Point de coût : plus de 60 milliards d’euros.

A l’heure où la sécurité énergétique de l’Europe est en jeu, « l’énergie nucléaire est une solution durable ici et dans d’autres pays européens », a récemment déclaré le président français Macron à l’occasion de la fête nationale.

L’Allemagne veut et doit devenir indépendante du gaz russe. Dans le même temps, la sortie du nucléaire fin 2022 a été décidée.

22/05/2022 | 28:28 minutes


L’exemple de Flamanville, sur la Manche, montre à quel point la construction d’un nouveau bâtiment peut prendre beaucoup de temps. Avec un retard de dix ans et un coût nettement plus élevé que prévu, la nouvelle centrale nucléaire devrait être achevée d’ici fin 2023.

L’extension du parc nucléaire se fait attendre et le réseau existant pourrait être soumis à des charges encore plus importantes. Le chercheur Besnard prévient :

Macron parie que cela n’arrivera pas et, si nécessaire, acceptera les importations d’énergie en provenance d’autres pays de l’UE. Selon la Fédération allemande des énergies renouvelables, l’Allemagne a déjà exporté de l’électricité vers la France au printemps. Une répétition à l’automne ne semble pas impossible et pourrait encore faire grimper les prix de l’énergie en Europe.

Luis Jachmann est reporter au studio ZDF à Paris.

La Belgique, la Suède et la France soulagent leurs citoyens face à la hausse constante des coûts de l’énergie grâce à des plafonds de prix, de l’argent pour l’énergie et des réductions d’impôts.

07/11/2022 | 03:29 minutes


Nihel Beranger

“Coffee addict. Lifelong alcohol fanatic. Typical travel expert. Prone to bouts of apathy. Internet pioneer.”

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *