Après le premier tour des élections législatives en France, les politiciens allemands sont choqués mais pas surpris. Ils se demandent maintenant quelles pourraient être les conséquences de cette situation, mais aussi quelles sont leurs propres erreurs dans les relations franco-allemandes.
L'échec du président français Emmanuel Macron au premier tour de l'élection présidentielle a suscité un débat à Berlin. La question est de savoir si le président pro-européen n'a pas reçu suffisamment de soutien et quelles pourraient être les conséquences pour l'Allemagne de la performance des extrémistes de droite en France.
« Personne ne peut rester indifférent si notre partenaire le plus proche et notre meilleur ami est dirigé par un parti qui considère l'Europe comme le problème et non comme la solution », a déclaré la ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock. L'Allemagne et la France partagent une responsabilité particulière à l'égard d'une Europe commune.
Le sentiment d'inquiétude que ressentent depuis quelques jours de nombreux hommes politiques allemands face à la nouvelle manœuvre électorale de Macron s'est désormais confirmé pour certains : le président français a joué et perdu, comme on le répète sans cesse.
On s'attend à un résultat incertain
Le centre a fondu, explique le député CDU Armin Laschet dans ndrIl s’inquiète également de la gauche française, qui a gagné beaucoup de voix. Elle est anti-européenne et dans certains cas anti-allemande. C’est toujours le président Macron qui décide de la politique européenne et étrangère en France. Le résultat des élections législatives de dimanche prochain pourrait dissoudre les vieilles certitudes.
La France pourrait être un candidat peu convaincant pour l'Allemagne, craint Claudia Major, de l'Institut allemand des affaires internationales et de sécurité. La politologue prévient que le second tour ne permettra pas non plus de dégager une majorité claire au parlement français.
L’autre option, celle que le Rassemblement national, parti populiste de droite, propose au Premier ministre, priverait l’Allemagne de son partenaire le plus important sur la scène européenne. Il y a quelques semaines encore, on se réjouissait d’avoir renoué avec la France avec le triangle de Weimar. On se réjouissait qu’il y ait à nouveau un moteur, une dynamique en Europe.
Quelle leçon l’Allemagne peut-elle en tirer ?
L'autocritique se fait de plus en plus forte au sein de la coalition des feux tricolores. Comment le président français actuel aurait-il pu être mieux soutenu ? « Nous prêtons trop peu d'attention aux débats politiques et aux problèmes des autres pays », déclare le président de la commission des affaires étrangères, Michael Roth, à « Politico ». Il fait référence à la politique d'austérité du gouvernement allemand au niveau européen et au refus d'emprunts communs au sein de l'UE pour financer les dépenses de défense.
L'alternative à Macron n'est « plus Sarkozy, mais une fervente nationaliste de droite comme Marine Le Pen », a déclaré Roth. Si elle arrive au pouvoir, les conséquences pour l'Allemagne seront dramatiques. « La France est le cœur d'une Europe unie. Si ce cœur ne bat plus fort, l'UE risque une crise cardiaque. »
C'est une question de confiance
D'autres responsables politiques de la coalition des feux tricolores sont particulièrement préoccupés par la montée des partis populistes de droite. Le secrétaire général du FDP, Bijan Djir-Sarai, estime que la déception suscitée par la politique de Macron est également due aux problèmes non résolus de la politique migratoire.
En ce qui concerne l'Allemagne, il met en garde : « Si nous ne résolvons pas les problèmes de la politique migratoire, les partis démocratiques en Allemagne seront en danger. » Il s'agit également de la confiance dans les institutions de l'État. Elles doivent trouver rapidement des réponses, sinon d'autres en profiteront.
Les jeunes électeurs décisif?
La cheffe du SPD, Saskia Esken, souhaite elle aussi apporter de vraies réponses aux vrais problèmes. Au vu du résultat des élections françaises, elle exige que les partis se penchent réellement sur ce qui « stresse » les Allemands. Il ne suffit plus de mettre en garde contre les populistes de droite.
Regagner la confiance dans l'Etat, notamment en ralliant les jeunes électeurs aux partis démocratiques, voilà un projet que les politiques ont entrepris en France, mais aussi en Allemagne. Franziska Brantner, écologiste et spécialiste de la France, estime que les jeunes pourraient désormais être décisifs lors du second tour des élections en France. « L'un des grands enjeux de dimanche prochain sera de savoir si la mobilisation fonctionnera ici. »
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