La liberté de circulation en Europe menacée ? Le côté obscur des contrôles aux frontières

Nancy Faeser a pris une décision qui correspond à la réalité. La ministre fédérale de l'Intérieur a ordonné des contrôles temporaires à la frontière franco-allemande. Elle veut garantir une plus grande sécurité pendant les Jeux olympiques de Paris. L'ordre de la députée du SPD est évident et particulièrement utile pour la France. Mais si l'on considère l'ensemble du processus, il est également perfide.

Il y a d'abord eu des contrôles à la frontière avec l'Autriche, justifiés par l'immigration irrégulière. Pour la même raison, des contrôles ont été effectués avec la Suisse, la Pologne et la République tchèque. Plus récemment, toutes les frontières extérieures ont été surveillées en raison du Championnat d'Europe de football.

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En attendant, les contrôles sur l'Autriche, la Suisse, la Pologne et la République tchèque se poursuivront jusqu'au 11 novembre et seront probablement prolongés après cette date. Certes, certains réclament depuis longtemps qu'ils soient permanents jusqu'à l'entrée en vigueur du système d'asile européen commun. Mais si ce dernier n'entre pas en vigueur, que se passera-t-il alors ?

L'espace Schengen en danger ?

La ministre de l'Intérieur Nancy Faeser (SPD) souhaite que des contrôles aux frontières soient instaurés pendant les Jeux olympiques. Notre auteur estime que c'est une bonne chose pour la France. | © Christophe Gateau/dpa

Cela montre clairement où nous allons. Si la liberté de circulation au sein de l'espace Schengen a longtemps été considérée comme une réussite exceptionnelle, la logique change aujourd'hui progressivement et fondamentalement. L'intérêt national est désormais prédominant.

Ce n’est pas un hasard si ce processus s’accompagne d’une montée des partis nationalistes. Les partis de la classe moyenne réagissent à cette situation, notamment le FDP, dont le ministre des Affaires étrangères Hans-Dietrich Genscher, qui a longtemps défendu le contraire.

Il est certes souhaitable de lutter contre l'immigration clandestine et les activités des passeurs, tout en arrêtant les criminels de droit commun. Mais ce faisant, nous renonçons à quelque chose : une Europe sans frontières, l'une des rares utopies devenues réalité, du moins temporairement.

Nihel Beranger

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