Le gouvernement australien a rejeté, dimanche (19), les accusations de la France selon lesquelles elle aurait menti sur son projet d’annuler un contrat d’achat de sous-marins français au profit de navires américains, un différend qui fera l’objet de la conversation entre le président de les États-Unis, Joe Biden, et son homologue français, Emmanuel Macron, dans les prochains jours.
Les États-Unis, l’Australie et le Royaume-Uni ont annoncé mercredi dernier (15) une association stratégique pour contre-attaquer la Chine, baptisée Aukus, qui comprend la fourniture de sous-marins nucléaires américains au gouvernement australien, ce qui a laissé les Français hors jeu.
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Macron demandera à Biden des « clarifications » et des « explications » sur ce qui « semble être un abus de confiance majeur », a déclaré dimanche à BFMTV le porte-parole du gouvernement français, Gabriel Attal.
« Il y aura une conversation téléphonique dans les prochains jours » entre les deux présidents, à l’initiative de Biden, a ajouté le porte-parole.
La France est furieuse de la décision de l’Australie de se retirer d’un accord de 50 milliards de dollars pour acheter des sous-marins français au profit de sous-marins américains.
Paris a convoqué vendredi ses ambassadeurs aux Etats-Unis et en Australie pour des consultations, accusant ce dernier pays de « mentir » sur la rupture de contrat, une décision inédite chez les alliés.
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« Des réserves profondes et sérieuses »
Quelques heures plus tôt, le Premier ministre australien Scott Morrison avait rejeté les accusations françaises selon lesquelles il aurait menti sur ce contrat d’achat de sous-marins.
« Je pense qu’ils avaient toutes les raisons de savoir que nous avions des réserves profondes et sérieuses sur les capacités du sous-marin de la classe Attack ne répondant pas à nos intérêts stratégiques et nous avons clairement indiqué que nous prendrions une décision dans notre intérêt stratégique national », il a dit. Morrison lors d’une conférence de presse à Sydney.
Morrison a déclaré qu’il comprenait la « déception » du gouvernement français mais a déclaré qu’il avait rencontré des problèmes avec l’accord « il y a quelques mois », comme d’autres ministres du gouvernement australien.
Pour le dirigeant, il aurait été « négligent » d’aller de l’avant avec le contrat, même si les services de renseignement et de défense australiens lui ont suggéré qu’il allait à l’encontre des intérêts stratégiques du pays.
« Je ne regrette pas la décision de faire passer l’intérêt national de l’Australie en premier. Je ne le regretterai jamais », a-t-il déclaré.
Le ministre australien de la Défense, Peter Dutton, a déclaré dimanche que son gouvernement avait été « ouvert, ouvert et honnête » avec la France au sujet de ses préoccupations concernant l’accord, qui était hors budget et en retard depuis des années.
A son tour, la nouvelle ministre britannique des Affaires étrangères, Liz Truss, a défendu dimanche la position de Londres dans l’accord de défense avec les Etats-Unis et l’Australie.
Cet accord montre la volonté du Royaume-Uni de « faire preuve de fermeté dans la défense de nos intérêts » et de « notre engagement pour la sécurité et la stabilité de la région indo-pacifique », a écrit Truss dans le Telegraph.
Paris a jugé inutile de convoquer son ambassadeur à Londres pour des consultations et s’est moqué, par l’intermédiaire de son ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, de « l’opportunisme permanent » du Royaume-Uni, qualifiant ce pays de « cinquième roue de la voiture ».
Dans son article, la ministre britannique ne fait aucune référence aux tensions avec la France, mais met en avant le slogan « Global Britain » sur la place post-Brexit du Royaume-Uni dans le monde, que défend ainsi le Premier ministre Boris Johnson.
Samedi soir, s’exprimant sur France 2, Jean-Yves Le Drian a déclaré que l’affaire des sous-marins avait déclenché une « grave crise ».
« Il y a eu un mensonge (…), une ambiguïté (…), un grand abus de confiance » et un « outrage » de la part des alliés de la France, a estimé le ministre français.
Le Drian a également estimé que cette crise va influencer la définition du nouveau concept stratégique de l’OTAN, sans évoquer pour autant une sortie de l’Alliance atlantique.
« L’OTAN a entamé une réflexion, à la demande du Président de la République, sur ses fondements. Il y aura, au prochain sommet de l’OTAN à Madrid, la conclusion du nouveau concept stratégique. Evidemment, ce qui vient de se passer va influencer cette définition. , a déclaré Le Drian.
Jeudi, Le Drian a qualifié l’accord de « coup de poignard dans le dos » donné par le gouvernement de Joe Biden, et a comparé l’actuel président américain à son prédécesseur, Donald Trump.
D’autre part, l’amiral Rob Bauer, président du comité militaire de l’OTAN, a déclaré que ce différend n’aura aucun impact sur la « coopération militaire » de l’alliance.
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