Et si le vainqueur des élections n’était pas le candidat avec le plus de votes nominaux, mais celui avec le plus de préférences et le moins de rejet ? C’est la proposition de l’expérience démocratique faite par les organisateurs d’une primaire populaire en France de choisir le candidat présidentiel de gauche pour les élections présidentielles. Le modèle évite la polarisation et recherche le consensus.
La proposition, connue sous le nom de vote préférentiel ou vote ordonné, a été conçu au début des années 2000 par deux chercheurs en mathématiques liés au CNRS, Michel Balinski et Rida Laraki. Dans ce modèle, chaque électeur répartit un nombre de points positifs et négatifs entre les candidats, déclarant ainsi leur ordre de préférence et le rejet de certains personnages.
L’objectif est de remédier aux effets pervers de l’actuel mode de scrutin présidentiel adopté en France, mais aussi au Brésil, dans lequel le choix d’un seul candidat à deux tours peut conduire à l’élection par une marge étroite d’un homme politique qui a un énorme rejet parmi la plus grande partie de la population.
Dans le système actuel, les électeurs « votent souvent par coutume, ou votent contre, ou votent utilement. Et ils ne peuvent pas dire ce qu’ils pensent des autres candidats », fustige Chloé Ridel, co-fondatrice de l’association Mieux Voter. « Le résultat est que l’abstention et les votes blancs ne cessent d’augmenter et que le vainqueur est élu sans le soutien de la majorité de la population », poursuit-il.
L’association Mieux Voter milite pour le vote préférentiel en France depuis 2018.
Une expérience démocratique
Ce système de vote par points sera adopté par la Primaire populaire, qui s’organise en France parmi les électeurs identifiés aux candidats de gauche.
Après une élection présidentielle en 2017, où les voix de la gauche se sont partagées entre quatre candidats sans parvenir à faire passer aucun de leurs représentants au second tour, les organisateurs de cette primaire officieuse tentent de convaincre le choix de juste candidat de gauche aux élections présidentielles d’avril.
Le vote primaire a lieu entre 27 et 30 janvier, et environ 250 000 électeurs inscrits y participent. Ils évalueront sept candidats : Christiane Taubira, Anne Hidalgo, Yannick Jadot, Jean-Luc Mélenchon, Anna Agueb-Porterie, Charlotte Marchandise et Philippe Larrouturou.
Pour les primaires, les électeurs pourront donner cinq notes : Très bien, Bien, Passable, Suffisant et Insuffisant.. Après les votes, le classement médian de chaque candidat sera calculé, où il sera important d’avoir plus de voix favorables que de voix négatives. Le meilleur rang médian remporte l’élection.
En cas d’égalité dans le classement médian, c’est-à-dire si deux candidats reçoivent le même classement, l’élection est remportée par celui qui a le plus de mentions parmi les classements les plus positifs.
« Ainsi, tous les candidats sont évalués indépendamment les uns des autres et, au final, le candidat le mieux évalué remporte l’élection », explique Chloé Ridel. puisque vous pouvez, si vous le souhaitez, tous les rejeter. »
Dans ce système, plus important que d’avoir un groupe restreint d’électeurs fidèles est de convaincre la majorité que vous êtes un candidat possible, et de ne pas susciter un grand rejet.
Ce type de vote « oblige les candidats à s’adresser au plus grand nombre, alors que le mode de scrutin actuel favorise la polarisation du débat politique et ne demande qu’à s’adresser à 20% de l’électorat pour accéder au second tour », justifie Ridel. .
Une autre conséquence de cette méthode est qu’elle élimine presque automatiquement les candidats les plus rejetés. Dans un sondage réalisé en France en décembre par l’institut de sondage Opinion Way, le candidat d’extrême droite Éric Zemmour apparaît en dernière position dans un choix avec vote préférentiel, alors qu’avec le système actuel il est le quatrième candidat avec le plus d’intentions de vote pour les prochaines élections. .
Il ne s’agit pour l’instant que d’une expérimentation en France menée de manière officieuse et organisée en dehors des partis. Pourtant, 250 000 électeurs se sont montrés intéressés, se sont inscrits et testeront le système dans les prochaines semaines. Si les organisateurs peuvent obtenir un soutien pour la campagne, celle-ci pourrait devenir une demande viable en cette période de crise du système de représentation.
Une proposition similaire a été présentée au Brésil lors de la réforme électorale, en août 2021. La proposition prévoyait l’adoption d’un modèle dans lequel l’électeur choisirait jusqu’à cinq candidats au poste de président, de gouverneur ou de maire, présentés par ordre décroissant de préférence.
Cependant, le modèle a été rejeté par les députés brésiliens, avec 388 voix contre et seulement 36 pour.
Découvrez ci-dessous un rapport de Jornal Hoje sur la réforme électorale brésilienne.
Découvrez ce qui change aux élections de 2022 avec la réforme électorale
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