Didier Eribon : « Qui vote pour Macron vote pour Le Pen » – Politique

Didier Eribon a eu un grand succès en Allemagne l’année dernière avec son étude sociale personnelle « Retour à Reims » – sept ans après la publication du livre en France. En 2017, l’essai autobiographique du sociologue est plus que jamais d’actualité. Parce qu’il explique pourquoi la gauche en France a un gros problème, alors que le Front national d’extrême droite a un électorat en croissance constante depuis des années.

L’intérêt pour Eribon en Allemagne est énorme. Selon l’auteur, il reçoit chaque jour plusieurs demandes de la part des médias allemands. En conséquence, la salle de lecture du Literaturhaus de Munich est pleine le mercredi soir. Plusieurs centaines de cous tendus quand Eribon est entré sur scène en manteau et écharpe parce qu’il ne pouvait pas supporter la vague de froid en Allemagne en avril d’une autre manière.

On veut entendre comment l’interprète de l’âme ouvrière française, enfant d’ouvrier de Reims, professeur d’université d’Amiens et intellectuel urbain homosexuel, analyse la situation actuelle de son pays. Comment se fait-il que non seulement la France mais toute l’Europe ait à craindre un éventuel président du Front National.

Pour résumer : selon Eribon, ce sont les gauchistes eux-mêmes qui se sont dépouillés de leur électorat, et cela dans toute l’Europe. Les Schröder et Blair qui, en se pliant au néolibéralisme, ont trahi les principes du socialisme et de la social-démocratie. Qui aurait coupé les liens entre la classe ouvrière et les partis de gauche et libéré l’espace qui pourrait alors être occupé par les extrémistes de droite.

Eribon ne voit pas Le Pen gagner

Eribon rend compte du phénomène de désindustrialisation qui a laissé des régions populaires entières comme le Nord-Pas-de-Calais se sentir laissées pour compte. Les structures collectives se sont effondrées en conséquence; Les syndicats ont été dépouillés de leur sens en tant que cadre social. Dans son livre, Eribon écrit que tant de travailleurs sont passés du camp de gauche à l’extrême droite en raison de « l’autodéfense politique de la part des classes inférieures ».

Malgré toute la remontée du Front National, le sociologue est persuadé que Marine Le Pen ne gagnera pas l’élection. Lui, qui veut voter pour le candidat présidentiel de gauche Jean-Luc Mélenchon, ne connaît pas une seule personne en France qui croit en une victoire du chef du Front national, dit-il – et étonnamment en reste là. Le Pen sera « clairement » perdant au second tour.

Nihel Béranger

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