Aussi divisée et polarisée que puisse être la politique française après le premier tour des élections générales, un consensus se dégage sur une chose. Les politiciens de tous les partis ont déploré le nouveau record de non-votants dimanche soir et ont appelé à des réformes des institutions politiques.
En fait, 52 % des personnes éligibles n’ont pas voté. C’est l’expression de la crise profonde dans laquelle se trouve le système politique français. Des réformes institutionnelles sont nécessaires.
Cependant, la politique française ne retrouvera plus de crédibilité et d’enthousiasme que si la culture du débat change également. Les accusations mutuelles dominent au lieu des différends de fond.
L’opposant politique est dépeint comme un danger, et il n’y a pratiquement aucun engagement respectueux avec les idées des autres. Macron et son gouvernement y jouent également un rôle non négligeable. Le discours du Premier ministre Elisabeth Borne dimanche soir peut servir d’exemple.
Elle a appelé toutes les « forces républicaines » à se rallier au projet et aux candidats du gouvernement face aux dérives politiques. Le sous-texte : l’alliance électorale de gauche des socialistes, des écolos, des communistes et du parti du populiste de gauche Jean-Luc Mélenchon est tout aussi dangereuse et peu attachée aux valeurs de la république que le Rassemblement national parti de l’extrême -à droite Marine Le Pen.
Cette affirmation est problématique à plusieurs égards. D’abord parce qu’elle contredit ce que Borne lui-même avait dit quelques phrases plus tôt : tous les candidats et les personnes impliquées avaient « fait vivre la démocratie » par leur engagement.
Deuxièmement, parce qu’avec la prétendue égalité, ils minimisent les extrémistes de droite. Et troisièmement, parce que l’impression persiste que le gouvernement Macron ne connaît qu’une seule stratégie face à une concurrence politique sérieuse : discréditer l’adversaire politique.
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Certes, l’union du parti de gauche et les extrémistes de droite usent souvent d’une telle rhétorique. Mais le gouvernement devrait – et doit – donner un autre ton à sa position de force afin de remettre sur le devant de la scène des positions de fond.
Une chose est susceptible de les empêcher de le faire : comme aux États-Unis, le système uninominal à un tour conduit à une spirale d’escalade. C’est pourquoi, quelle que soit la fin du second tour dimanche prochain, Macron devrait s’attaquer aux deux : réformer les institutions – par exemple avec l’introduction de la proportionnalité aux élections législatives. Et la tentative d’introduire une nouvelle culture du débat.
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