L'énergie éolienne est toujours autorisée en France
Il suffit de jeter un coup d'oeil aux motifs de la décision, rendus publics, pour constater que l'énergie éolienne n'est pas interdite en France. La décision du Conseil d'Etat ne porte pas sur les éoliennes elles-mêmes, mais sur la manière dont leur bruit est mesuré.
La décision n'a pas modifié le niveau sonore que peut produire une éolienne. Ces limites sont fixées par un décret ministériel à partir de 2011. Selon les règles de 2011, une éolienne ne peut pas être plus bruyante que 35 décibels dans les zones résidentielles, peut faire cinq décibels de plus de bruit pendant la journée que la zone environnante sans éolienne et trois décibels de plus de bruit la nuit.
Lors de la mise en service d'une éolienne, un contrôle acoustique est effectué dans les douze mois. C'est ce que stipule l'arrêté ministériel et c'est ce qu'a écrit le Syndicat des énergies renouvelables (SER), association française qui regroupe les professionnels des énergies renouvelables, en réponse à une demande de #Faktenfuchs. #Faktenfuchs a contacté le ministère français compétent au sujet des contrôles et d'autres questions concernant le décret. Cependant, le ministère n'avait pas répondu au moment de la mise sous presse.
Un protocole controversé réglemente la mesure du bruit
Le décret de 2011 ne précise pas lui-même comment la mesure du bruit doit être effectuée. À l'époque, il était fait référence à une norme selon laquelle les mesures devaient être effectuées. En 2019, le ministère français de l'Environnement Selon le média en ligne « Actu » puis a mis en place un groupe de travail « pour élaborer un protocole de mesure des niveaux de bruit des parcs éoliens terrestres (…) ».
Cette nouvelle « Protocole de mesures acoustiques des parcs éoliens terrestres » a été publié en annexe d'un arrêté ministériel de 2021. Le portail Newsguard, qui évalue la crédibilité des sites Internet, attribue à Actu 100 points sur 100 possibles.
Ce nouveau protocole, selon lequel les éoliennes sont mesurées depuis 2021, fixe les mêmes valeurs limites qu'il y a dix ans. Il fixe cependant également des règles plus précises sur la manière dont le bruit doit être mesuré. Par exemple, les microphones doivent respecter une certaine norme légale et les appareils de mesure du vent ne doivent pas être trop bruyants pour ne pas fausser les mesures.
Le protocole fournit également des instructions précises sur les données qui doivent être incluses dans un rapport final : cela commence par les noms des personnes impliquées, les méthodes de mesure utilisées et se termine par les conditions météorologiques pendant la mesure du bruit.
Ce protocole définit ainsi « la manière dont doit être mesuré le rayonnement sonore des éoliennes », explique l'avocat Eric Landot. dans un article de blogIl ne s’agit pas de l’agrément de base des installations.
L'association des énergies renouvelables SER et l'experte Véronique Fröding soulignent que le protocole 2021 est plus strict que la norme 2011. Mme Fröding est associée au sein du cabinet d'avocats international DS Avocats, membre du bureau franco-allemand pour la transition énergétique et spécialisée dans les énergies renouvelables. Mattias Vandenbulcke, président de l'association des énergies renouvelables France Renouvelables, a déclaré : la chaîne de télévision française TF1:Le nouveau protocole aurait exigé, par exemple, des dispositifs de protection contre le vent pour les microphones et davantage de pouvoirs pour les organismes de contrôle indépendants.
Protocole de mesure du bruit révoqué en raison d'erreurs d'approbation
Ce protocole datant de 2021 a été abrogé par le Conseil d'État en raison d'une erreur de forme : le ministre français responsable l'avait émis sans consultation préalable du public. Lorsque les décisions sont prises par les autorités avec impact sur l'environnement Mais il faut que cela ait lieu. L'avocate Véronique Fröding explique dans une interview à #Faktenfuchs ce que signifie une audience publique : « On le fait sur Internet et ensuite tous les Français peuvent donner leur avis. »
Le Conseil d'État a statué en faveur des plaignants, mais n'a pas déclaré irrecevable l'autorisation générale pour toutes les éoliennes, mais uniquement ce protocole actualisé de mesure du bruit. La décision n'a rien à voir avec les questions de fond concernant l'autorisation des éoliennes, explique Tamara Paquet dans une interview accordée à #Faktenfuchs. Elle est directrice juridique d'une entreprise qui développe et exploite des parcs éoliens en France. « Il s'agit d'une violation des exigences formelles », déclare Paquet.
La décision n'a aucun impact sur l'exploitation des éoliennes existantes ou sur l'approbation de nouvelles éoliennes en France, affirment tous les experts interrogés par #Faktenfuchs.
Les éoliennes n’ont pas besoin d’être démantelées
« Ce qui est important, c’est qu’il n’y ait pas de vide juridique », explique l’avocate Véronique Fröding. Car désormais, c’est la norme actuelle qui s’applique. C’est également l’avis de l’avocat Eric Landot, qui qualifie ces fausses déclarations de « beaucoup de bruit pour rien ». L’association française des énergies renouvelables SER estime que l’État français doit maintenant lancer une procédure en bonne et due forme pour établir un nouveau protocole de mesure du bruit. « Mais comme le protocole actuel a été déclaré invalide, c’est la loi précédente qui s’applique », écrit le SER. #Faktenfuchs a également posé cette question au ministère français compétent, mais n’a reçu aucune réponse.
Dans un Reportage du média en ligne « Actu » Un autre organisme gouvernemental a toutefois réagi. L'autorité administrative du département de l'Orne, en Normandie, a déclaré à propos de la décision : « La situation juridique actuelle renvoie aux dispositions de l'arrêté ministériel de 2011 concernant les mesures de bruit. Pour rappel : les valeurs limites pour le bruit sont restées les mêmes. »
« La question du démantèlement est farfelue », estime l'avocate Tamara Paquet. Les exploitants d'éoliennes devraient simplement continuer à prouver qu'ils respectent les limites de bruit. « Ce qui pourrait changer, ce sont les méthodes de mesure », estime Me Paquet.
L'Office franco-allemand pour la transition énergétique a répondu à la demande de #Faktenfuchs : Après une évaluation juridique, le ministère français compétent estime que la décision ne remet pas en cause les procédures d'approbation.
L'association SER écrit à #Faktenfuchs : Si une éolienne répond aux nouvelles règles de mesure plus strictes, elle serait alors également autorisée selon l'ancienne loi. Fröding déclare : « Cette décision ne peut en aucun cas conduire à un démantèlement. »
Les experts : les nouvelles éoliennes ne sont pas non plus concernées
Et est-il possible de construire des centrales à l'heure actuelle ? Oui, écrit le SER. Il suffirait désormais de s'en tenir au protocole de 2011. « Les permis continueront d'être délivrés », déclare l'avocat Fröding dans une interview à #Faktenfuchs.
Il se pourrait même que les exploitants éoliens continuent à appliquer le protocole plus strict de 2021 en matière de mesures de bruit. « Je ne connais aucun exploitant qui renoncerait aux techniques de mesure qui existaient. Fondamentalement, rien ne changera (…) », a déclaré Mattias Vendenbulcke, de France Renouvelables, à la chaîne de télévision TF1.
Les autorités compétentes pourraient elles aussi le recommander, estime l'avocate Tamara Paquet, car l'erreur formelle pourrait bientôt être corrigée et le protocole de 2021 s'appliquerait à nouveau. L'Office franco-allemand pour la transition énergétique écrit à #Faktenfuchs : Le ministère responsable semble avoir l'intention fondamentale de rétablir le protocole abrogé par une procédure correcte.
Conclusion
La Cour administrative d'appel de Paris a jugé irrecevable un protocole de mesure du niveau sonore des éoliennes. Or, cette mesure n'a aucune conséquence pratique sur les installations existantes.
La loi de 2011 est à nouveau en vigueur, fixant les mêmes limites de bruit. Seule la manière dont les mesures sont effectuées diffère. Les éoliennes n'ont pas besoin d'être démontées et peuvent toujours être autorisées.
Note : Nous avons complété le texte à deux endroits avec des informations complémentaires provenant de l'Office franco-allemand pour la transition énergétique. (26 avril 2024, 11h39)
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