France : Le calme est trompeur : Macron sous pression après les émeutes

Les violents troubles qui ont suivi une opération policière meurtrière ont mis Macron dans une situation difficile. Aujourd’hui, le calme est revenu, mais l’ambitieux président est toujours dans une situation difficile sur le plan intérieur.

Paris – C’est le tir d’un policier sur un jeune de 17 ans qui a secoué la France pendant des semaines. L’adolescent est décédé fin juin lors d’un contrôle routier en banlieue parisienne. Les émeutes se sont alors propagées comme une traînée de poudre.

Une présence policière massive a réprimé les nuits violentes, qui ont également mis le président Emmanuel Macron dans une situation dangereuse. Trois mois après les émeutes, d’autres problèmes de politique intérieure mettent le chef de l’État sous pression. Et le camp présidentiel attend avec impatience le résultat de l’élection partielle du Sénat, la chambre haute française, ce dimanche.

Les opérations policières meurtrières se poursuivent

Les émeutes ont éclipsé d’autres problèmes pendant des semaines. Macron a annulé une visite d’État en Allemagne. Pendant une courte période, la menace potentielle pour la stabilité du pays a été aussi grande que celle des manifestations des gilets jaunes qui ont éclaté en 2018. Les compagnies d’assurance ont désormais quantifié les dégâts causés par les nuits d’émeutes, notamment les pillages et les incendies criminels, et les émeutiers individuels. ont été condamnés.

Le fait que des opérations policières meurtrières continuent d’être menées contre de jeunes suspects et que le risque de nouvelles émeutes n’est en aucun cas écarté a été démontré au début du mois lors d’une opération au cours de laquelle un motocycliste de 16 ans est décédé. Macron, désormais éprouvé par la crise, peut au moins considérer comme un succès le fait qu’il n’y ait pas eu de révolte des banlieues plus durable comme en 2005, comme certains l’avaient craint en juin.

Ce calme ne change rien à la situation de fond qui freine le chef de l’Etat et ses ambitions réformatrices dans son second mandat. L’homme politique centriste ne dispose plus d’une majorité claire au Parlement depuis les élections d’il y a plus d’un an. Toutes les tentatives de Macron personnellement et de la Première ministre Élisabeth Borne de nouer des alliances – notamment avec les Républicains conservateurs – n’ont abouti à rien. La réforme des retraites, qui a été adoptée au Parlement au printemps sans vote malgré une forte résistance, a révélé la position de faiblesse du président.



Des dépenses élevées vous obligent à épargner

La nouvelle année parlementaire ne sera probablement pas plus facile pour Macron : tout dans les discussions budgétaires laisse présager une prochaine confrontation entre le camp présidentiel et l’opposition. Les dépenses élevées pendant la pandémie et la crise énergétique obligent les gens à épargner. Il est probable que le gouvernement fasse à nouveau passer son projet de budget sans vote, en utilisant un paragraphe spécial. De vives critiques sont déjà inévitables.

Les discussions ardues sur une modification de la loi sur les migrations, qui ont déjà été reportées à plusieurs reprises, risquent d’être encore plus difficiles. Les fronts entre le gouvernement et l’opposition se sont durcis. D’un côté, le camp de Macron veut faciliter l’expulsion des demandeurs d’asile. En revanche, les migrants irréguliers qui travaillent déjà sans en avoir le droit devraient pouvoir obtenir plus facilement un permis de séjour.

Ce faisant, Macron offense les deux pôles de l’opposition : la gauche est opposée à une politique plus stricte, les conservateurs et la droite ne veulent pas entendre parler de concessions aux immigrés clandestins. Le projet pourrait conduire à un vote de censure à l’égard du gouvernement – ​​avec une issue incertaine.

Le camp Macron probablement sans aucun gain

Toutefois, les pronostics seront beaucoup plus clairs si une partie du Sénat est réélue dimanche. Des dizaines de milliers d’hommes politiques locaux et régionaux élisent ensuite environ la moitié des 348 sénateurs au scrutin indirect.

La majorité du Sénat est actuellement aux mains de conservateurs, mieux ancrés dans les régions françaises que le mouvement politique naissant du président. Et on s’attend à ce que cela reste ainsi. Le camp Macron ne peut guère espérer de gains. L’accent est davantage mis sur les sièges individuels que les politiciens du camp de gauche ou d’extrême droite espèrent conquérir sans que cela change beaucoup la position de Macron.

Nihel Beranger

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