Alors qu’Emmanuel Macron était tout juste au pouvoir en 2017, l’écrivain Philippe Besson a publié son ouvrage « Un personnage de roman », qui racontait l’ascension de Macron. Le « personnage fictif Emmanuel M. » éponyme. aborde Besson avec une admiration non dissimulée : « Ce qui m’a attiré chez lui dès le début, c’est sa singularité. Ce n’était pas l’une des décisions les plus instinctives de Macron de vouloir nommer Besson Consul général à Los Angeles moins d’un an après la publication du livre. La nomination a été annulée par le Conseil d’État après des allégations de népotisme. Besson n’est pas en Californie comme ça, mais Macron prouve encore et encore que le titre du livre a été savamment choisi. Dès que la situation politique actuelle lui laisse un peu de répit, il conçoit son mandat comme s’il était un personnage de roman.
Par exemple ce jeudi alors qu’il se rendait dans une école de village en Picardie dans le nord de la France. Brique rouge, arbre dans la cour de récréation, enfants mignons. Cette école de village ne ressemble pas seulement à un livre d’images, c’est un aperçu soigneusement choisi de l’album de famille du président. Car ici, dans cette école de Poix-de-Picardie, la grand-mère de Macron enseignait. Aussi discret que soit le président sur sa vie privée, il fait depuis des années une exception pour cette grand-mère. Tout le monde devrait savoir combien il l’aimait, comment il a passé son enfance sur la chaise de lecture avec elle.
Germaine Noguès, ses petits-enfants l’appelaient Manette, lui ont ouvert « la porte du savoir, de la beauté, peut-être de l’infini ». C’est ce que Macron a écrit sous forme de livre dans sa candidature présidentielle de 2016 (« Révolution »). Et dans une longue interview en mai, il affirmait avoir « grandi dans les mémoires de sa grand-mère » et était donc « désynchronisé » par sa propre génération.
Le petit-fils rend une visite d’État à la grand-mère
Maintenant, le petit-fils a rendu hommage à Manette à titre posthume avec une visite d’État. Ce devrait être un double arc : celui de ses racines familiales et celles du pays. L’Élysée a annoncé que la visite du président dans le nord de la France sera tout en lecture. L’éveil par les lettres que Macron a vécu avec sa grand-mère devrait tout petit français l’expérimenter avec les fables de Jean de la Fontaine. Depuis que Jean-Michel Blanquer est devenu ministre de l’Éducation sous Macron, chaque élève du primaire français a reçu un ruban avec les fables de la Fontaine. Eh bien, à l’occasion du 400e anniversaire de Fontaine, après son escale en Picardie jeudi, Macron a visité la petite ville de Château-Thierry, où l’écrivain est né en 1621.
L’excursion littéraire de Macron est la troisième étape de son « Tour de France », qui l’emmène chaque semaine dans une autre région de France depuis fin mai. Cette tournée a reçu une attention particulière la semaine dernière après que le président a été giflé par un homme, mais cela ne change pas l’ambiance de vacances de ces courtes visites. Le Président va dans une France belle, gaie et ensoleillée. Volontiers combinés avec des messages de soupir de soulagement. Macron a servi en Bourgogne en mai alors que les terrasses des restaurants venaient de rouvrir. Le président se tenait devant les caméras avec un verre de spritz orange brillant. Jeudi en Picardie a aussi été symboliquement chargé de soulagement : pour la première fois depuis l’automne, les Français n’ont plus à porter de masque au grand air. Et le couvre-feu nocturne prend fin.
Tout cela n’est pas une campagne électorale, mais simplement « mon travail », a déclaré jeudi Macron. Cette fois, il ne veut pas se voir désynchronisé par sa génération, mais par l’actualité politique. Les élections régionales en France commencent dimanche. Pendant que Macron évoquait les joies de la lecture, sa rivale Marine Le Pen s’est rendue dans le sud de la France, où son Rassemblement national pourrait remporter pour la première fois une région (Provence-Alpes-Côte d’Azur). Le parti de Macron, en revanche, n’a aucune chance de victoire. Ce qui n’est pas un problème majeur si l’on en croit Macron, qui, comme il l’a dit mercredi, « ne tirera pas de conclusions nationales de cette élection locale ».
Les chaînes d’information françaises ont illustré la simultanéité des visites sur écran partagé, Macron à gauche, Le Pen à droite. En fait, l’écran partagé n’est pas la pire métaphore de l’état du pays. La France connaît les deux au cours de ces semaines. Le soulagement bien visible après un long hiver pandémique que Macron organise avec son Tour de France. Et les premiers signes avant-coureurs d’une campagne électorale présidentielle difficile dans laquelle les voix les plus agressives et celles de l’extrême droite dominent de plus en plus le climat politique.
“Coffee addict. Lifelong alcohol fanatic. Typical travel expert. Prone to bouts of apathy. Internet pioneer.”