Le gouvernement français a critiqué la Russie pour son soutien au Hamas et accusé Moscou de vouloir déstabiliser l’Occident.

Depuis l’attaque contre Israël par le Hamas islamiste, que l’UE qualifie d’organisation terroriste, la Russie pratique un exercice d’équilibriste.

Dans une première réaction à l’attaque du Hamas du 7 octobre, le vice-ministre des Affaires étrangères et envoyé spécial de Vladimir Poutine pour le Moyen-Orient, Mikhaïl Bogdanov, a appelé « les parties en conflit à un cessez-le-feu ».

Le 8 octobre, la Russie a condamné les attaques contre la population civile au Conseil de sécurité de l’ONU, mais sans citer nommément le Hamas, contrairement à l’UE et aux États-Unis qui ont fermement condamné les actions du mouvement islamiste.

Ces derniers jours, plusieurs milieux ont suggéré que la Russie pourrait être impliquée dans l’attaque du Hamas.

C’est ce qu’a suggéré, par exemple, l’ancien président ukrainien Petro Porochenko dans une interview accordée à Euractiv. « Je suis absolument convaincu qu’il y a un intérêt et des mains russes dans la préparation de l’attaque terroriste du Hamas contre Israël », a-t-il déclaré.

« Je suis absolument sûr que les entraîneurs russes de Wagner en Syrie ont été transférés au Hamas à Gaza et ont participé à l’entraînement des terroristes en vue de l’attaque absolument barbare contre Israël depuis Gaza », a déclaré l’ancien président ukrainien.

Lorsqu’on lui a demandé si la France disposait d’informations sur une éventuelle influence ou des actions directes de ressortissants ou d’organisations russes dans le conflit du Moyen-Orient, la présidence française a répondu à Euractiv France qu’elle n’avait « aucune connaissance de telles opérations ».

Cependant, « les Russes ont adopté une position extrêmement unilatérale en mettant en garde contre Israël et en soutenant les Palestiniens », a poursuivi le gouvernement. Il s’agit d’un « renversement intéressant de la position russe ».

Paris a dénoncé le « cynisme total » de la Russie.

La Russie se rapproche de l’opinion de plusieurs pays du Sud et gagne quelque chose sur le front ukrainien, a-t-il ajouté.

« Je tiens à avertir que les États-Unis ne doivent pas intervenir dans le conflit en Palestine ou en Israël. Si l’Amérique décide de le faire, nous soutiendrons ouvertement la Palestine », a déclaré le président russe Vladimir Poutine. Il a ajouté que le conflit démontre « l’échec » de la politique américaine dans la région.

Ce message a été repris par le Hamas, qui a remercié le président russe pour son soutien et salué « les efforts de la Russie pour mettre fin à l’agression sioniste ».

Plusieurs représentants du mouvement islamiste ont été reçus à Moscou ces dernières années. C’est également le cas du leader de l’organisation, Ismaël Haniyeh, reçu par Sergueï Lavrov dans la capitale russe en septembre 2022.

Les liens militaires entre le régime de Poutine et celui des mollahs en Iran – que le Hamas soutient très activement – ​​pourraient aussi expliquer le changement d’attitude de la Russie. Le Kremlin a utilisé de nombreuses armes de fabrication iranienne (drones et munitions d’artillerie) lors de ses attaques contre l’Ukraine.

Enfin, la France estime que ce « calcul cynique » du Kremlin « nécessite une réponse extrêmement énergique et dynamique de notre part, allant d’une condamnation totale des actes de terrorisme, à une pleine solidarité avec Israël, en passant par une initiative visant à résoudre la crise ». pour le désamorcer et trouver une solution politique le plus rapidement possible.

Le 9 octobre dernier, le porte-parole de la Commission européenne, Eric Mamer, avait averti que la Russie « utilise tout ce qui se passe sur la scène internationale soit pour fomenter l’instabilité, soit pour intensifier sa campagne contre l’Ukraine ».