Le président français, Emmanuel Macron, et le Premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, ont signé ce mardi (28/09/2021) un contrat portant sur l’achat par la Grèce de trois frégates, un renforcement du « partenariat stratégique » entre les deux pays du Union européenne (UE) et OTAN.
Après une réunion à l’Elysée, siège de la présidence française, Mitsotakis a précisé lors d’une conférence de presse qu’il existe une option d’achat d’une quatrième frégate Belharra dans cet accord, qui répond « aux besoins de la marine grecque ».
Macron a souligné, pour sa part, la « qualité de l’offre française », comme en témoigne la signature de ce contrat, quelques semaines après que l’Australie a annulé l’acquisition de sous-marins français pour 55 000 millions d’euros (environ 64 000 millions de dollars).
Canberra a pris cette décision en rejoignant une alliance stratégique avec les États-Unis et le Royaume-Uni dans l’Indo-Pacifique, ce qui a déclenché une crise diplomatique sans précédent de part et d’autre de l’Atlantique. Paris a appelé son ambassadeur à Washington pour des consultations.
« Pas de contradiction » avec les relations américaines.
Le président français, qui s’est entretenu la semaine dernière avec son homologue américain Joe Biden pour apaiser les tensions, a rappelé que l’ambassadeur de France retournera à Washington dans les prochaines heures et a réitéré l’attachement de son pays à l’espace indo-pacifique.
Cette alliance baptisée AUKUS « ne modifie pas la stratégie indo-pacifique de la France », a déclaré mardi Macron, rappelant qu’ils ont « plusieurs partenaires dans la région » comme l’Inde et avec un million de citoyens et plus de 8.000 soldats déployés.
Les frégates de type Belharra seront fabriquées par la société d’État française Naval Group dans les chantiers navals du port de Lorient, en Bretagne. La valeur du contrat, selon la presse, se situe entre 3 000 et 5 000 millions d’euros.
Pour Naval Group, c’est un répit après le revers dû à l’annulation d’un méga-contrat de quelque 56 000 millions d’euros pour la vente de sous-marins conventionnels à l’Australie, qui a finalement décidé d’acheter des sous-marins nucléaires aux États-Unis.
Ce rachat par la Grèce de trois frégates intervient également après l’annonce en début de mois de l’acquisition par Athènes de six chasseurs Rafale de fabrication française, en plus d’un précédent contrat millionnaire pour l’acquisition de 12 de ces appareils.
Le programme d’armement grec, en plein développement, cherche à arrêter les provocations de la Turquie en Méditerranée orientale. La France est l’un des rares pays de l’UE à avoir élevé la voix ces derniers mois et a même envoyé des navires et des combattants en 2020 pour soutenir Athènes.
Cependant, Mitsotakis s’est donné beaucoup de mal pour souligner que l’acquisition des frégates à la France n’est pas en contradiction avec ses relations avec les États-Unis, et qu’en pratique cela renforce la flotte grecque « dans l’OTAN ».
« Vers une autonomie stratégique européenne »
Il a assuré que s’ils avaient opté pour l’option française c’est parce qu’elle répondait aux besoins qu’il avait soulevés dans son offre, et aussi parce que la France s’est engagée à des livraisons anticipées.
Par ailleurs, Mitsotakis a rappelé que « la France nous a soutenus dans les moments difficiles », allusion évidente au déploiement naval français face au défi posé par la Turquie l’été dernier, autour des eaux juridictionnelles de la Grèce.
Macron a également évoqué cet épisode et a nié que la vente de ces frégates à la Grèce contribuerait à une escalade des tensions avec la Turquie dans les eaux qu’Ankara se dispute avec Athènes.
Le président français a souligné qu’il ne lui semblait pas que l’année dernière « c’était la Grèce qui était belliqueuse en Méditerranée orientale ». Il a affirmé que les Français faisaient alors preuve de « solidarité » et qu’il était aussi « légitime » d’aider le pays à s’équiper militairement et à s’engager à le protéger.
« Les Européens doivent cesser d’être naïfs », a ajouté Macron, qui a une nouvelle fois défendu « l’autonomie stratégique européenne » face au retrait qu’il dit voir depuis plus de dix ans des Etats-Unis en direction de l’Asie face à le défi que la Chine représente pour son papier là-bas.
Selon le chef de l’État français, l’accord avec la Grèce « contribue à protéger la sécurité, la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de nos deux États tout en favorisant la sécurité, la stabilité et la prospérité dans les régions d’intérêt commun ».
rml (efe, afp)
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