Le gouvernement français s’est déclaré « choqué » par la position défendue par l’alliance menée par le Brésil pour empêcher l’accès des femmes à la santé sexuelle et reproductive. Dans un discours cette semaine au Conseil des droits de l’homme des Nations unies, la diplomatie française a ouvertement attaqué le bloc dans lequel la ministre Damares Alves (Droits de l’homme, femme et famille) joue un rôle prédominant.
Le discours a eu lieu mardi, au lendemain de la date qui marque la Journée internationale de la femme. À cette époque, le Brésil a refusé d’adhérer à une déclaration commune faite par plus de 60 pays pour défendre les droits des filles et des femmes, y compris en ce qui concerne l’accès aux droits reproductifs et sexuels.
Depuis la fin du gouvernement de Donald Trump, le Brésil a officieusement assumé la direction d’une coalition de pays ultra-conservateurs qui tentent de combler toute lacune pour que l’ONU étende les droits et la protection des femmes.
Le groupe, connu sous le nom de Consensus de Genève, comprend toujours la Hongrie, la Pologne et les pays arabes. Si le projet a été lancé sous la direction de Trump, l’arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche a représenté la rupture américaine avec l’initiative. Les e-mails internes du gouvernement américain révélés par la chronique ont cependant clairement indiqué que la direction était désormais assumée par le Brésil.
Le comportement de l’alliance, cependant, a provoqué un malaise et même l’indignation parmi les démocraties. Et cette semaine, pour la première fois, des attaques frontales contre le bloc ont été menées.
« Je veux exprimer l’indignation de la France face aux atteintes aux droits des femmes et des filles », a déclaré l’ambassadeur de France auprès de l’ONU, François Rivasseau, devant d’autres gouvernements.
« Nous sommes choqués par certaines positions publiques réitérées ici, notamment par le Consensus de Genève éponyme, qui remet en cause l’égalité des genres et la santé et les droits sexuels et reproductifs », a critiqué le Français.
Selon lui, la pandémie a contribué à restreindre l’accès à la santé sexuelle et reproductive.
« Nous devons combattre toutes ces violations graves des droits des femmes et des filles et réaffirmer notre détermination à faire en sorte que les gains durement acquis ne soient pas compromis », a exhorté le Français aux autres pays.
« Nous exhortons tous les États à réaffirmer leur engagement envers les droits des femmes et des filles, ainsi qu’en faveur de la santé et des droits sexuels et reproductifs », a-t-elle soutenu.
Pour lui, l’ONU « doit se pencher sur cette question car il n’y a aucune région, aucune partie du monde, où l’inégalité entre les femmes et les hommes soit justifiée ».
En milieu d’année, Européens et Mexicains s’uniront pour promouvoir un sommet pour l’égalité des sexes, dans un geste clairement contraire aux propositions présentées par le Brésil et ses alliés. A la Maison Blanche, l’ordre est aussi de contester la position de l’alliance, espérant affaiblir le groupe dans les enceintes internationales.
Historique
Ce n’est pas la première fois que le Brésil et la France se retrouvent de part et d’autre de la table, dans des débats internationaux. Le gouvernement d’Emmanuel Macron a été l’un des critiques les plus virulents du président Jair Bolsonaro, attaquant la posture environnementale du pays et limitant tout accord avec le Mercosur.
L’échange de piques en 2019 entre les deux dirigeants s’est amplifié face aux ironies de Bolsonaro contre la première dame française. Côté parisien, le gouvernement Macron a commencé à recevoir le chef Raoní avec les honneurs de l’État, symbole de l’anti-bolsonarisme en Europe aujourd’hui.
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