Le Conseil de l’UE fait une nouvelle tentative sur la directive sur les travailleurs des plateformes – EURACTIV.de

La présidence suédoise de l’UE a proposé de restreindre la présomption d’exemption d’emploi, l’une des parties les plus controversées de la directive sur les travailleurs de la plate-forme. Cela devrait combler les divergences après l’échec des négociations en décembre.

La directive, proposée pour la première fois par la Commission en décembre 2021, introduit une présomption légale d’emploi pour les travailleurs de plateformes « indépendants » mal classés. Il vise également à réglementer la gestion algorithmique sur le lieu de travail – une première au niveau de l’UE.

Le dernier texte de compromis vu par EURACTIV est la première tentative de la Suède de conclure les négociations sous sa présidence. En décembre, Prague n’a pas atteint la majorité qualifiée, les pays de l’UE étant en désaccord sur la question controversée du statut des travailleurs.

Les désaccords ont été particulièrement vifs sur l’applicabilité matérielle de la présomption légale d’emploi, qui classerait automatiquement les travailleurs de la plateforme qui répondent à certains critères comme des employés.

Certains États membres, comme la France et la Pologne, ont averti qu’un texte juridique trop prescriptif pourrait mettre fin au travail indépendant et conduire à un reclassement massif. La présidence tchèque a proposé une exception à la présomption d’emploi, notamment dans le cas des accords sociaux.

En revanche, des pays comme l’Espagne, la Belgique, l’Allemagne et les Pays-Bas ont fait pression pour revenir au texte original de la Commission, qui comportait un certain nombre de critères de présomption inscrits dans le texte juridique.

La présidence suédoise a organisé un cycle de négociations techniques en février pour recueillir les points de vue des États membres sur les subtilités de la présomption légale.

Tenant compte des réponses des pays de l’UE, la présidence du Conseil a présenté le 17 mars de nouvelles directives de compromis, qui seront à l’ordre du jour d’un nouveau cycle de négociations techniques le 27 mars.

Discrétion réglementaire

Selon le texte du Conseil, le reclassement vers un emploi à temps plein serait déclenché si au moins trois des sept critères indiquant un lien de subordination entre une plateforme et un travailleur sont remplis.

Une dérogation générale avait été ajoutée dans les versions précédentes du texte : les autorités nationales compétentes pouvaient « à leur discrétion » s’abstenir d’appliquer la présomption s’il était clair qu’elle serait réfutée avec succès dans une procédure judiciaire ou administrative.

Cependant, la proposition de la Présidence suédoise clarifie la portée de la dérogation – et finalement la limite. Le nouveau texte stipule qu’il s’agit « d’une option, et non d’une obligation », pour les autorités nationales compétentes de se voir accorder ce pouvoir discrétionnaire lorsque les pays de l’UE transposent la directive dans leurs cadres juridiques nationaux.

Il est également précisé que la faculté de dérogation ne peut s’appliquer que si deux conditions sont remplies : les autorités compétentes agissent de leur propre initiative et il est manifeste que la relation contractuelle examinée n’est pas une relation de travail au sens de la législation nationale ou conventions collectives.

Limiter le champ d’application de la clause, et donc la mesure dans laquelle un État membre peut faire usage de la dérogation, semble être un coup de pouce aux partisans du reclassement, comme l’Espagne et les Pays-Bas. Ils avaient exprimé leur mécontentement face à la dérogation lorsque les Tchèques l’ont introduite pour la première fois.

Ces États membres s’étaient plaints dans le passé que la formulation originale « jouir d’une marge d’appréciation » créerait un champ d’application si large que la présomption pourrait être effectivement contournée.

Conformité légale

Un autre point de discorde entre les États membres concernait les cas où une plateforme répond à l’un des critères de présomption sans être conforme au droit de l’UE ou national.

Lors de négociations techniques en février, les Suédois ont demandé aux États membres si cette clause était même « nécessaire », selon un document de travail consulté par EURACTIV à l’époque.

Le nouveau texte de compromis clarifie désormais le champ d’application et précise que les critères sont remplis lorsqu’une plateforme « exerce un contrôle et une direction sur l’exécution des travaux ».

Dans ce contexte, le contrôle et la direction sont appelés « réalisation [von mindestens drei Kriterien]soit en vertu des conditions applicables, soit en pratique ».

En revanche, la plateforme ne pourra être tenue responsable si elle répond à un critère fondé sur le respect du droit de l’Union, du droit national ou des conventions collectives.

En outre, le préambule du texte précise que les mesures inscrites dans la législation nationale ou les accords sociaux pour protéger la santé et la sécurité des travailleurs ne seront pas considérées comme valables pour répondre aux critères de présomption.

Les critères comprennent la détermination des salaires, des exigences telles que le port d’un uniforme, la surveillance des performances au travail, la prévention de l’organisation de ses propres heures de travail et la limitation de la capacité de travailler pour un autre employeur.

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Autres considérations

Certains États membres ont exprimé leur inquiétude quant au fait que la définition du «travailleur» diffère selon les domaines du droit national. Par exemple, le reclassement d’un travailleur dans le cadre de la nouvelle directive pourrait avoir des implications différentes selon les liens juridiques entre les domaines du droit applicable.

Le nouveau texte vise donc à préciser que les États membres doivent veiller à ce que tout travailleur reclassé bénéficie des mêmes droits « que tout autre travailleur se trouvant dans une situation comparable dans cet État membre ».

Après de nombreux va-et-vient ces derniers mois, les Suédois ont finalement retenu une exemption qui exclut le recours à la présomption de droit dans les procédures fiscales, pénales et sociales.

Une marge d’appréciation a été laissée aux gouvernements de l’UE pour appliquer la présomption, en tenant compte du droit national.

Les autres chapitres de la directive, notamment sur la gestion algorithmique, n’ont pas été modifiés. Ils étaient déjà considérés comme largement convenus lors des négociations de décembre.

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[Bearbeitet von Luca Bertuzzi/Nathalie Weatherald]

Nihel Beranger

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