Le retrait du drapeau européen de l’Arc de Triomphe expose la division politique en France | International

Le drapeau européen a cessé de flotter à l’Arc de Triomphe à Paris, mais la polémique ne s’est pas dissipée avec le retrait, ce dimanche, du symbole avec lequel le gouvernement d’Emmanuel Macron a voulu marquer le début de la présidence française de l’UE avec l’arrivée de 2022. Ce qui se voulait une exaltation des valeurs qui unissent les Vingt-sept, qui seront sous direction française pendant les six prochains mois, est rapidement devenu un symbole de la division politique d’une France déjà plongée dans la campagne de la présidentielle d’avril, et après que des candidats de tout bord à droite, de la modérée Valérie Pécresse aux ultras Marine Le Pen et Éric Zemmour, ont critiqué le geste comme une « trahison » des valeurs nationales.

Malgré les dénégations du Gouvernement qui accuse l’opposition de jouer le jeu de l’extrême droite, dimanche le drapeau bleu et étoilé n’est plus accroché sous l’arc du monument érigé par Napoléon en 1806 pour commémorer les victoires de l’armée française sous additionnant.

La polémique a débuté vendredi, quelques heures avant l’arrivée de la nouvelle année et avec elle le début de la présidence française de l’UE, lorsque le drapeau de l’UE a été hissé sous l’Arc de Triomphe, où flotte traditionnellement le drapeau tricolore français lors des manifestations de commémorations nationales. Rapidement, la chef de file du Regroupement national, Marine Le Pen, s’est déclarée « indignée » par une « provocation qui offense ceux qui se sont battus pour la France » et a exigé que Macron « rétablisse immédiatement » le drapeau gaulois. Sa revendication s’est renforcée samedi, lorsqu’il a annoncé son intention de dénoncer cette « atteinte à l’identité française » devant le Conseil d’État, la plus haute juridiction de France en matière administrative. Par ce geste, Macron « a encore une fois trahi les devoirs de sa fonction et montre une fois de plus son mépris arrogant pour notre histoire », a-t-il insisté.

Les autres candidats de droite n’ont pas hésité à attiser la polémique. « L’Arc de Triomphe sous Macron : après les pillages et les empaquetages, l’indignation », a également tweeté un autre candidat ultra, Éric Zemmour, en référence aux graves dommages subis par le monument national lors des manifestations des gilets jaunes fin 2018 et de la projet temporaire d’envelopper l’Arche en septembre dernier, un projet posthume célèbre mais comme toujours controversé de l’artiste bulgare Christo, qui de son vivant a couvert d’autres icônes comme le Reichstag à Berlin.

La contestation s’est encore accrue de quelques degrés lorsque les dénonciations de l’extrême droite ont été rejointes par celle de la candidate républicaine, Valérie Pécresse. « Présider l’Europe oui, effacer l’identité française non ! A tweeté ce que de nombreux analystes considèrent comme le rival le plus dangereux de Macron, qui, bien qu’il n’ait pas encore déclaré sa candidature, devrait briguer sa réélection en avril. « Je demande solennellement à Emmanuel Macron de restituer notre drapeau tricolore à côté de celui de l’Europe sous l’Arc de Triomphe. Nous le devons à tous nos combattants qui ont versé leur sang pour elle », a ajouté la candidate conservatrice.

Samedi, le secrétaire d’État français aux Affaires européennes, Clément Beaune, a accusé la droite de « courir désespérément après les polémiques stériles de l’extrême droite » et a assuré qu’il ne s’agit que d’une « installation symbolique et provisoire qui accompagne le 1er janvier et le début de la présidence française de l’UE ».

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« Le drapeau français sera évidemment réinstallé (…) le dispositif est créé depuis quelques jours, avec les illuminations » de multiples monuments nationaux qui depuis la nuit du 31 paraissent bleus, entre autres la Tour Eiffel ou le Panthéon, il a insisté. C’est le même éclairage, a-t-il rappelé, qui a été choisi par le dernier président français à la tête de l’UE, le conservateur Nicolas Sarkozy en 2008.

Pourtant, l’Arc de Triomphe s’est réveillé ce dimanche sans aucun drapeau, ce qui a été rapidement célébré par Le Pen comme une « belle victoire patriotique », tandis que Zemmour a retweeté avec un « bravo » quelques photos de jeunes ultra adeptes posant devant le monument avec des drapeaux français .

Dans des déclarations transmises à l’Agence France Presse, l’Elysée a assuré que « le drapeau européen a été retiré dans la nuit, selon le calendrier prévu ». De son côté, Beaune a démenti sur France Inter que le gouvernement ait « fait marche arrière » et assuré qu' »il n’a besoin d’aucune leçon de patriotisme de Le Pen, Zemmour ou Pécresse, qui devient un photocopieur de l’extrême droite ». Peu de temps après, dans un tweet dans lequel il remplaçait une photo du drapeau européen sous l’Arc de Triomphe, Beaune ajoutait un autre message aux politiques critiques : « Vous pouvez être sûr que dans les prochains jours, partout en France, comme prévu, le Le bleu européen illuminera nos villes et nos monuments ».

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Nihel Beranger

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