Les exploitants de centrales nucléaires sous haute pression : la France craint pour son nucléaire

Les exploitants de centrales nucléaires sous haute pression
La France craint pour son nucléaire

Au milieu de la plus grande crise énergétique en Europe depuis des décennies, 30 % des centrales nucléaires françaises sont en panne : la maintenance et les réparations mettent les exploitants sous pression. Le prix de l’électricité explose. Les experts doutent de l’amélioration promise pour l’hiver.

La panne de plusieurs centrales nucléaires en France fait craindre un manque d’électricité en hiver. Le pays pourrait également échouer en tant que fournisseur d’électricité pour les pays voisins comme l’Allemagne. Pour la première fois depuis le début des relevés en 2012, la France est devenue importatrice nette d’électricité, selon les données du cabinet de conseil EnAppSys. La production des centrales nucléaires est tombée à son plus bas niveau depuis 30 ans.

Le moment ne pourrait guère être pire, car des pays comme l’Allemagne, l’Italie et la Pologne sont déjà aux prises avec les effets des coupures d’approvisionnement en gaz de la Russie. Les 56 centrales nucléaires constituent l’épine dorsale de l’approvisionnement électrique en France. Ils couvrent environ 70 % de la demande. Cependant, une vague de réparations et de travaux d’entretien en retard a entraîné une chute de la production d’électricité et une hausse des prix. De plus, certains réacteurs situés sur des rivières pour le refroidissement doivent réduire leur production en cet été, qui se caractérise par des canicules, afin de ne pas chauffer en plus les masses d’eau. Selon les données de l’exploitant de centrales nucléaires EdF, près de 30 % des capacités nucléaires n’étaient pas raccordées au réseau à la fin du mois d’août.

Les prix de l’électricité en France sont donc à un rythme record de plus de 1000 euros par mégawattheure. Il y a un an, ils étaient encore autour de 70 euros par mégawattheure. « La flambée des prix de l’électricité est une menace pour l’économie », déclare Norbert Rücker, responsable de l’économie et de la prochaine génération à la Bankhaus Julius Baer. La situation de la centrale nucléaire française pourrait poser un plus grand défi que les coupures de gaz de la Russie. Les plans d’EDF prévoient que la production d’électricité des centrales nucléaires passera à environ 50 gigawatts par jour d’ici décembre – contre 27 gigawatts actuellement. Certains experts jugent cela trop optimiste.

« Des perspectives pour l’hiver inquiétantes »

Au cours d’une année moyenne, les centrales nucléaires du pays produisent environ 400 térawattheures d’électricité. Environ dix pour cent de cette somme part à l’étranger pendant les mois chauds. Lors des journées d’hiver particulièrement froides, la France importe de l’électricité de l’étranger, notamment d’Allemagne. Cette année s’annonce différente. EdF prévoit une production de 280 à 300 térawattheures – la valeur la plus basse depuis 1993. En été, la France a même importé de l’électricité d’Allemagne et de Belgique – à un moment où EdF exporte normalement de l’électricité.

« Les perspectives pour l’hiver sont inquiétantes », estime l’énergéticien parisien Mycle Schneider. Six analystes interrogés par Reuters pensent que les prévisions d’EdF sont trop élevées. C’est particulièrement vrai fin janvier. La France pourrait être amenée à importer de l’électricité à un moment où l’énergie est déjà rare en Europe. EdF a déjà dû corriger à plusieurs reprises à la baisse ses prévisions de production d’électricité des centrales nucléaires cette année. Le patron d’EdF, Jean-Bernard Levy, a promis que le groupe ferait tout son possible pour éviter de nouvelles pannes.

Nihel Béranger

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