« Personne ne sait si [o presidente russo Vladimir] Poutine a pris la décision d’intervenir et quel sera le déclencheur, mais nous sommes en état d’alerte maximale jusqu’à fin février », a déclaré un responsable européen.
La Russie a concentré une énorme capacité militaire le long de sa frontière avec l’Ukraine et a effectué mardi des exercices aéronavals sur la péninsule de Crimée, qu’elle a annexée en 2014.
De nombreuses unités sont implantées près des républiques autoproclamées de Lougansk et de Donetsk, dans la région du Donbass (est de l’Ukraine), où les séparatistes pro-russes combattent les forces ukrainiennes depuis huit ans. Moscou ne cache pas son soutien à ces deux républiques.
La Douma – la chambre basse du Parlement russe – étudie une pétition du Parti communiste pour que Poutine les reconnaisse comme indépendants.
Le porte-parole du Kremlin a qualifié lundi le risque d’une offensive des troupes ukrainiennes contre les séparatistes pro-russes de « très élevé ».
– Leçons apprises –
Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, s’était dit la semaine dernière « préoccupé par la situation dans les régions non contrôlées par Kiev, car (…) la Russie s’en rapproche de plus en plus ».
« La concentration des forces à la frontière ukrainienne est liée à son intégration de facto à la Russie », a-t-il ajouté aux députés.
Un diplomate européen a noté que « la région sera le théâtre de grandes provocations et les dirigeants ukrainiens sont appelés à ne rien faire qui puisse être utilisé comme une provocation » par la Russie.
« Des leçons doivent être tirées de ce qui s’est passé en Géorgie en 2008 », a-t-il déclaré.
Une opération militaire des forces géorgiennes contre la région séparatiste d’Ostie du Sud a provoqué l’intervention de l’armée russe. Le conflit a duré cinq jours et s’est terminé par la reconnaissance par Moscou de l’Ostie et de l’Abkhazie.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a assuré lundi que son pays « ne cédera pas aux provocations ».
Parallèlement, un responsable européen a annoncé que l’UE « sanctionnerait toute agression armée en Ukraine car elle peut prendre de nombreuses formes et n’implique pas nécessairement l’armée russe ».
Ces messages ont déjà été transmis à la Russie car « les Européens parlent avec les autorités russes et avec leurs négociateurs à l’OSCE [Organizao para a Segurana e Cooperao na Europa] et le Conseil OTAN-Russie », a-t-il expliqué.
– « Isolement total » de la Russie –
Des experts et des diplomates de l’UE ont préparé des options pour répondre à différents types d’actions contre l’Ukraine par la Russie.
Les sanctions économiques et financières introduites par l’UE après l’annexion de la Crimée et renouvelées à l’unanimité tous les six mois « constituent l’épine dorsale » de la réaction européenne, bien qu’à plus petite échelle.
Les sanctions seront « sans précédent » et la Russie « sera complètement isolée », a prévenu lundi le ministre danois des Affaires étrangères, Jeppe Kofod.
« Toutes les options sont sur la table et, si nous voulons avoir de la crédibilité, rien n’est à exclure », a expliqué un responsable européen.
La Russie tire 46% de ses revenus des ventes de pétrole et de gaz, et les pays européens sont des clients importants, a-t-il déclaré. « L’enjeu est la volonté politique de voter en faveur de ces sanctions », a-t-il reconnu.
En effet, certains dirigeants européens ne cachent pas leurs doutes.
Le chancelier allemand Olaf Scholz insiste sur les « conséquences » des sanctions pour l’économie allemande. Il reconnaît toutefois qu' »il y a une cohérence entre les Européens et les Etats-Unis pour mettre en place, à un moment donné, un train de sanctions jugées dissuasives », a déclaré ce mardi le chef de la diplomatie française, Jean-Yves le Drian.
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