L’intellectuel qui était bien plus qu’un historien de l’art

Il est né à Tomar en 1922 et est décédé ce samedi à Jarzé, une ville française près d’Angers, mais c’est à Lisbonne et à Paris que José-Augusto França a passé la partie la plus productive de sa vie. Référence en tant qu’historien de l’art et en études olisypographiques, il a également laissé un travail de fiction et de critique cinématographique.

La famille de José-Augusto França a déménagé de Tomar à Lisbonne quand il avait cinq mois. Il a commencé sa vaste collaboration avec la presse à l’âge de 18 ans, en écrivant une critique de film pour O Diabo. En 1945, suite à la mort de son père, qui avait des affaires en Angola, il passe un an en Afrique, mais il ne s’adapte pas et retourne à Lisbonne, où il publie l’un des premiers romans critiques du colonialisme, Natureza Morta. C’est à ce stade qu’il s’inscrit dans le mouvement artistique et intellectuel, lors de la création du Grupo Surrealista de Lisboa, où il rencontre Mário Cesariny, Alexandre O’Neill ou Vespeira, ayant même fait une incursion dans la peinture et exposé au premier Salon surréaliste, en 1949.

Il a été rédacteur en chef du Grand Dictionnaire de la langue portugaise et entre 1951 et 1956, il a édité un ensemble de cinq publications Unicórnio, Bicórnio, Tricórnio, Tetracórnio et Pentacórnio, qui anthologie des œuvres inédites d’auteurs contemporains tels que Almada Negreiros, António Sérgio, Jorge de Sena , Eduardo Lourenço, Vitorino Nemesio, entre autres.

En 1959, il voyage en France, qu’il avait déjà visitée en 1946, et où il rencontre des personnalités culturelles comme Roland Barthes ou André Breton. Disciple de Pierre Francastel, c’est là qu’il est diplômé en Sciences historiques et philosophiques, après avoir complété des doctorats en Histoire (sur la reconstruction pombaline de Lisbonne, 1962) et en Lettres (sur le Romantisme portugais, 1969) à la Sorbonne. Des années plus tard, entre 1980 et 1986, il est directeur du Centre culturel portugais de la Fondation Calouste Gulbenkian.

Avec le 25 avril, il retourne au Portugal, où il crée un cours d’histoire de l’art à l’Universidade Nova de Lisboa, mais, marié à une historienne de l’art française, finit par se séparer entre le Portugal et la France.

Parmi la centaine de livres qu’il a publiés, il en a choisi 16 en 2017 pour être réédités par la Presse nationale Casa da Moeda (INCM). Il s’agit notamment de Lisbonne Pombalina et des Lumières, L’art au Portugal au XIXe siècle, L’art au Portugal au XXe siècle, Histoire de l’art occidental, 1750-2000 et Lisbonne, Histoire physique et morale. Mais ses monographies sur Almada Negreiros et Amadeo de Souza-Cardoso font aussi référence.

Nihel Beranger

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