L’ONU se plaint du racisme
Paris défend la police française
08/07/2023, 15h40
L’ONU est d’avis que la police française doit lutter plus durement contre le racisme dans le cadre de ses propres méthodes d’enquête. Le gouvernement de Paris s’y oppose catégoriquement. Les Français tendent vers la droite après les troubles entourant la mort d’un jeune de 17 ans.
Le gouvernement français a qualifié les déclarations d’un comité de l’ONU sur le racisme dans les rangs de la police française d' »exagérées » et « sans fondement ». Tout « profilage racial » par la police est « interdit en France », a indiqué le ministère des Affaires étrangères à Paris. La lutte contre les contrôles policiers excessifs fondés sur le racisme s’est depuis longtemps « intensifiée ». « Tout comportement discriminatoire signalé fera l’objet d’un suivi » et sera sanctionné s’il est découvert, a indiqué le département d’État dans un communiqué.
Après la mort de Nahel, 17 ans, lors d’un contrôle de police à Nanterre, une commission de l’ONU a appelé vendredi la France à agir contre le « profilage racial » par les autorités de sécurité. On parle de « profilage racial » lorsque des personnes sont contrôlées par la police en raison de caractéristiques extérieures, comme la couleur de leur peau.
Le Comité de l’ONU pour l’élimination du racisme (CERD), composé de 18 experts indépendants, avait également dénoncé « un usage excessif de la force par la police » en France et appelé à une enquête « approfondie et impartiale » sur l’affaire Nahel.
Les troubles renforcent le parti Le Pen
Le ministère des Affaires étrangères à Paris a souligné que la France est un État de droit « qui respecte ses obligations internationales et en particulier la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale ». La lutte contre le racisme et toutes les formes de discrimination est une « priorité politique ». Les forces de sécurité en France sont contrôlées « à l’intérieur, à l’extérieur et juridiquement » aussi étroitement que dans quelques autres pays seulement.
Depuis la mort du jeune de 17 ans il y a près de deux semaines, la France a été secouée par de graves émeutes et manifestations contre les violences policières. Il y a eu des pillages répétés, des incendies criminels et des affrontements violents entre policiers et émeutiers. L’officier qui a tiré le coup de feu mortel sur le jeune fait l’objet d’une enquête pour suspicion d’homicide involontaire. Les troubles se sont depuis calmés. L’inquiétude, cependant, est qu’ils s’embrasent à nouveau le jour de la fête nationale du 14 juillet.
En France, les populistes de droite sont les principaux bénéficiaires des troubles. Près d’un tiers des Français étaient convaincus que Le Pen aurait été mieux à même de gérer la crise après la fusillade mortelle que le gouvernement actuel. Lorsqu’on leur a demandé quel parti sortirait le plus fort de la crise, une personne sur deux a nommé le Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen. Le Pen s’est désormais imposé dans l’opinion publique comme un garant de l’ordre et de la sécurité, observe le politologue Bernard Sananès, directeur de l’institut d’opinion ELABE.
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