Marine Le Pen resserre ses distances avec Macron avant les élections présidentielles de 2022 | International

Marine Le Pen, lors d’une conférence de presse à Paris.THOMAS SAMSON (AFP)

Marine Le Pen s’est imposée, une décennie après avoir pris les commandes de son parti, comme une figure centrale de la politique française. Les présidents passent et elle est toujours là : l’alternative inamovible aux politiciens et aux partis de gouvernement. A plus d’un an des élections présidentielles de 2022, la prudence s’impose contre tout pronostic, mais plusieurs sondages indiquent que le chef du parti d’extrême droite Regroupement national (RN) n’a cessé de prendre des distances devant le président centriste Emmanuel Macron.

Le Pen comporte encore des inconvénients considérables. Son patronyme, qui est celui de la lignée ultra la plus connue d’Europe, fait peur à une grande partie de la population. Sans charisme, elle porte l’image d’incompétence qui s’est manifestée dans le débat, infructueux pour elle, avec Emmanuel Macron en campagne pour la présidentielle de 2017. Le RN, mélange d’un parti personnaliste et d’une entreprise familiale et accablé par de graves problèmes financiers, a à peine une implantation territoriale ou des cadres prêts à gouverner la deuxième économie européenne, la seule puissance nucléaire de l’UE avec un siège à l’ONU Sécurité Conseil. Son idéologie, ancrée dans le nationalisme radical et le rejet des immigrés, n’est pas majoritaire.

On a longtemps évoqué le plafond de verre de Marine Le Pen, un plafond électoral qui l’empêcherait de remporter les présidentielles. Ces élections se déroulent en deux tours. Les deux candidats les plus votés dans le premier sont classés pour le second. L’argument était qu’au second tour, tous les électeurs opposés à l’extrême droite s’uniraient pour empêcher leur accès à l’Elysée. Tous contre Le Pen : c’était le front dit républicain.

Le front républicain a fonctionné en 2002, lorsque Jean-Marie Le Pen, le père de Marine, a perdu au second tour de la présidentielle face à Jacques Chirac : communistes, socialistes, centristes, droites ont voté en masse pour que le conservateur Chirac arrête Le Pen père. Chirac a obtenu 82 % des voix contre 18 % pour Le Pen. En 2017, Le Pen la fille se faufile à nouveau au second tour, et obtient 34 % des voix contre 66 % pour Macron. Le front républicain commençait à se fissurer.

Des derniers sondages sur la présidentielle de 2022, il ressort que l’union de tous contre Le Pen est peut-être décédée. Si le premier tour avait lieu aujourd’hui, Le Pen serait premier avec 26% ou 27% des voix, contre Macron avec 23% ou 24%, selon une enquête du Harris Interactive Institute pour le journal L’Opinion. Le sondage du second tour n’a pas été publié. Mais Le Parisien a révélé que, selon ces données, Macron battrait Le Pen de 52 à 48%. La distance est si proche – quatre points – que, compte tenu de la marge d’erreur, cela signifierait que l’Elysée est à portée de main pour le nationalisme populiste de droite.

La société démoscopique n’a pas confirmé les données, qui n’ont pas été officiellement publiées. Par conséquent, ils doivent être pris avec des pincettes. Mais ils confirment une tendance. Le Pen n’a cessé de combler l’écart depuis 2017. Un autre sondage, en juin dernier, réalisé par l’institut Ifop, plaçait Le Pen à 10 points de Macron, 45 % à 55 %. Et le RN a été la force la plus votée et a battu La República en marche (LREM) de Macron aux dernières élections d’envergure nationale, les élections européennes de 2019. Tout peut changer jusqu’aux élections, mais dans la politique française il est presque certain que Le Pen se qualifiera pour le second tour : toute la lutte politique est terminée qui lui fera face, si le président Macron ou un autre candidat.

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« Un an et demi après les élections, tous les sondages doivent être abordés avec prudence », prévient Jean-Yves Camus, directeur de l’Observatoire des radicalités politiques à la Fondation Jean Jaurès. « Mais ils montrent incontestablement que Marine Le Pen ferait mieux en 2022 qu’en 2017. »

Camus cite deux événements qui peuvent expliquer pourquoi, au cours du dernier semestre, Le Pen s’est rapproché de Macron dans les sondages. La première est la décapitation du professeur de lycée Samuel Paty le 16 octobre, qui a placé la menace islamiste, sujet de prédilection de l’extrême droite, au centre de la politique française. « Le meurtre de Samuel Paty a secoué quelque chose dans l’opinion publique française, et pas seulement chez les électeurs de droite, explique Camus. « Cela a considérablement affecté les enseignants et les fonctionnaires qui se sentent parfois sans protection contre l’islamisme. »

La deuxième évolution qui peut favoriser Le Pen est la gestion de la crise sanitaire, en proie aux trébuchements et à la confusion, par Macron et son gouvernement. Ce qui est curieux dans le cas français, c’est qu’à quelques exceptions près, Le Pen a évité la rhétorique stridente d’autres partis similaires comme Vox en Espagne ou AfD en Allemagne en s’opposant. « Il n’a pas rejoint le complot », note Camus, co-auteur de L’extrême droite en Europe : nationalisme, xénophobie, haine. « C’est comme si elle voulait donner l’impression que, quand on veut être président de la République, il ne sert à rien de crier beaucoup et fort. »

Le Pen, qui n’a jamais été un politicien populaire, essaie de polir une image fanée pour paraître présidentiel. L’appel est-il diabolisation qui a commencé lorsqu’il a pris le commandement du Front national. Il écarte son père, le fondateur du FN, et répudie ses débordements antisémites et xénophobes. Il revendique l’héritage du général Charles de Gaulle, père de la France contemporaine et Bête Noire par Jean-Marie Le Pen. Et il a rebaptisé le parti en Regroupement national, pour le sortir du coin ultra.

La proposition de Frexit – La sortie de la France de l’euro et de l’UE – est parquée et Marine Le Pen revendique le drapeau du féminisme, de l’environnementalisme, de la laïcité et ceux ci-dessous devant les élites. Dans le même temps, il constate que des concepts défendus par son parti, comme la fermeture des frontières ou le rejet de la mondialisation, sont devenus des réalités quotidiennes avec la pandémie, acceptés par la quasi-totalité du spectre politique.

« Si l’électorat RN se mobilise bien, si Marine Le Pen ne commet pas à nouveau les erreurs de 2017, si Emmanuel Macron ne fait pas la séance plénière parmi tous ceux qui il y a trois ans ont voté pour lui à gauche et à droite car l’équilibre du La période de cinq ans sera qu’il jugera insuffisante », dit Camus, « sa victoire, même si elle reste improbable, sera une possibilité qu’il faut envisager ».

La dernière opportunité

Les élections présidentielles d’avril et mai 2022 seront les troisièmes auxquelles participe Marine Le Pen, 52 ans. Lors de la première, en 2012, il n’a pas réussi à se qualifier pour le second tour. Il l’a obtenu dans le deuxième, en 2017, mais a perdu contre l’actuel président français, Emmanuel Macron.

Un troisième échec pourrait mettre fin à sa carrière politique. Beaucoup le désignent déjà comme coupable du fait qu’en une décennie de montée du populisme nationaliste dans les démocraties occidentales, le plus ancien parti de l’extrême droite européenne et l’un de ceux qui détiennent le plus grand terrain de pêche pour les voix, n’a levé aucun quota . du pouvoir dans votre pays.

Des rivaux se préparent à la soulager. La principale est Marion Maréchal-Le Pen, nièce de Marine et petite-fille préférée de l’ultra patriarche Jean-Marie Le Pen. Désormais dédiée à son école lyonnaise, Maréchal-Le Pen, 31 ans, apparaît comme une alternative plus jeune et plus conservatrice à sa tante.

Plus de dix millions de Français ont voté à l’élection présidentielle de 2017 pour le candidat de la formation Regroupement national (RN) qui se targue d’être le premier parti ouvrier de France. Deux ans plus tard, le RN était le plus voté aux européennes.

Et pourtant, le système électoral à deux tours — que ce soit aux élections présidentielles, législatives, régionales ou municipales — nuit à ce parti : au second tour, tout le monde a tendance à s’unir contre lui. Il ne contrôle aucune grande ville – Perpignan est l’exception depuis l’été dernier – ni aucune région, et ses six députés sur 577 à l’Assemblée nationale ne lui donnent même pas le droit d’avoir un groupe parlementaire.

Nihel Beranger

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