Quelle est la bonne distance minimale pour se sentir à l’abri de la contamination par les pesticides si vous habitez à proximité de champs cultivés ? Générations Futures, association française qui s’occupe de la contamination et de la santé, a tenté d’apporter elle-même une réponse. « Cette année, nous avons lancé une campagne qui étudie la présence de pesticides dans l’air de leurs maisons. Nous voulions qu’elle soit participative, c’est-à-dire qu’elle permette aux citoyens de participer facilement à cette campagne », écrit l’association, qui explique la méthode de l’enquête.
La méthode
La méthodologie a été conçue avec le laboratoire Yootest pour rendre la campagne la plus « pertinente, innovante et participative possible ». Une liste raccourcie de 30 pesticides autorisés a été choisie uniquement pour les usages agricoles à analyser en les sélectionnant parmi les plus utilisées en France. Une méthode d’échantillonnage des vitres simple et innovante a été choisie. Ensuite, grâce à un questionnaire, des informations ont été recueillies sur les cultures environnantes et leurs distances par rapport aux maisons testées, et enfin analysé les 58 échantillons reçus par chromatographie liquide et chromatographie en phase gazeuse couplée à un spectromètre de masse en tandem.
Les principaux résultats
79,3 % des échantillons analysés présentent au moins un résidu de pesticide. La distance des cultures influence ce pourcentage d’occurrence. Ainsi entre 95 % (fenêtre inférieure à 21 m), 90 % (fenêtre comprise entre 20 et 100 m des cultures) et 50,0% (fenêtre supérieure à 101 m des cultures) des échantillons contiennent au moins un résidu de pesticide. Les fenêtres situées à moins de 20 m des cultures présentent plus de pesticides différents (3,1 résidus de pesticides en moyenne) que celles situées entre 21 m et 100 m (2,6 résidus de pesticides en moyenne) et celles à plus de 101 mm (en moyenne 1,2 résidus de pesticides). La plupart (72,7%) des échantillons sans pesticides ont été prélevés à partir de fenêtres situées à plus de 101 m des cultures. Cependant, l’échantillon le plus éloigné de cultures contenant des résidus de pesticides se trouvait à une distance de 1 500 m de la première culture.
La nature des cultures affecte également ce pourcentage. Il est donc plus fréquent de détecter des pesticides près des vignes (94,4 %) qu’en grandes cultures (73,1 %). Sur les 30 pesticides étudiés, 15 ont été détectés au moins une fois. Il s’agit de 9 fongicides, 5 herbicides et 1 insecticide.
4 perturbateurs endocriniens
Parmi les substances recherchées et trouvées il y a 4 perturbateurs endocriniens suspectés ou confirmés, un cancérigène possible (Lénacile), une spiroxamine présumée reprotoxique ou encore des fongicides Sdhi (boscalid et fluopyrame).
La bonne distance
Ces résultats obtenus sur un nombre limité d’échantillons doivent être confirmés sur un plus grand nombre d’échantillons. Cependant, une tendance se dessine qui montre une exposition moyenne aux pesticides (en termes de présence de résidus, de nombre de résidus trouvés et de concentration médiane) semble assez comparable dans notre échantillonnage dans les zones de 0 à 20 m des cultures et 21 100 m des cultures. Des chiffres nettement inférieurs ne sont trouvés que pour des échantillons prélevés sur 100 m de cultures.
Règles insuffisantes
« Ces premiers résultats demandent donc la création de zones sans traitement vraiment efficace, bien plus grandes que les 5-10 m actuellement envisagés. La distance de 100m, longtemps demandée par Générations Futures et de nombreuses ONG, semble avoir un effet très net sur la réduction de l’exposition aux pesticides », explique François Veillerette, porte-parole de Générations Futures. En Italie, le Plan National Pesticides (Pan) prévoit une distance minimale de seulement 30 mètres des zones sensibles, tels que les maisons, le bétail, les fermes apicoles, piscicoles et conchylicoles, les terres agricoles où l’agriculture biologique ou biodynamique est pratiquée, les voies navigables et les routes ouvertes à la circulation. Trop petit.
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