Jusqu’à présent, en Espagne, il n’y a pas eu d’enquête officielle, ni par l’État ni par l’Église catholique, sur les crimes présumés de pédophilie commis par des religieux, comme cela s’est produit dans des pays comme l’Australie, l’Irlande, les États-Unis, l’Allemagne et la France.
Sans statistiques officielles, le journal El Pas a ouvert une consultation en 2018 et dénombre à ce jour 1.246 victimes. L’Église n’a reconnu que 220 cas depuis 2001.
Cette situation pourrait toutefois changer dans ce pays à forte tradition catholique et où plus de 1,5 million d’enfants étudient dans l’une des 2 500 écoles catholiques existantes, selon les données 2020 de la Conférence épiscopale espagnole (CEE).
Le Congrès des députés a reconnu mardi le traitement d’une demande de Podemos, allié minoritaire des socialistes dans la coalition gouvernementale, et de deux partis séparatistes de gauche, l’ERC catalan et l’EH basque EH Bildu, d’ouvrir une enquête parlementaire.
« Nous ne disons pas non », a déclaré jeudi le président du gouvernement, le socialiste Pedro Snchez, évoquant le soutien que son parti pourrait apporter et qui serait essentiel pour que l’initiative se concrétise lorsqu’elle arrivera à une date encore à déterminer en plénière du Congrès, où il devrait recevoir une majorité simple de « oui ».
Le même jour, Snchez a offert un soutien public inhabituel à une victime, l’écrivain catalan Alejandro Palomas, qui a dénoncé pour la première fois qu’au milieu des années 1970, alors qu’il avait 8 ans, il avait été victime d’abus par un religieux dans un Université. Catholique.
« Merci pour votre courage de partager votre témoignage émouvant avec toute la société. Merci également d’avoir répondu à mon appel. Je vous assure que votre courage et celui de beaucoup d’autres qui ont franchi cette étape, nous aideront à réparer la douleur de toutes les victimes « , a-t-il écrit. Snchez sur Twitter.
Mais les socialistes ont souligné qu’ils voulaient « examiner attentivement » toutes les possibilités, notamment la création d’une commission indépendante d’experts, comme cela s’est produit en Australie et aux Pays-Bas.
Cette proposition a été lancée par le Parti nationaliste basque (PNV), un autre parti qui vote habituellement avec le gouvernement, minoritaire au Congrès.
Les libéraux citoyens sont favorables à une enquête, mais le principal parti d’opposition, le Parti populaire (PP, conservateurs), la rejette à moins qu’elle ne soit élargie pour enquêter sur la pédophilie dans « toutes les institutions » du pays.
La troisième force parlementaire, l’extrême droite de Vox, s’y oppose directement.
– L’Eglise exclut une enquête générale –
Ouvrir une enquête « est une bonne option. J’espère que (les parties) seront toutes d’accord pour faire quelque chose de bien », a déclaré à l’AFP Fernando Garca Salmones, victime d’abus pendant plus de quarante ans à l’adolescence et membre d’Infância Roubada, une des associations de victimes, qui ont salué les initiatives.
Une autre victime, Miguel ngel Hurtado, a obtenu ce matin plus de 55 000 signatures favorables à la mise en place d’une commission d’enquête indépendante depuis qu’il a créé la pétition samedi sur Change.org.
La Conférence épiscopale exclut de promouvoir « de manière proactive un programme d’enquête générale » sur les abus, selon son secrétaire général l’an dernier.
Cependant, il affirme avoir établi des protocoles d’action contre les abus et des formations pour les intervenants auprès des jeunes, ainsi que des ateliers de prévention et d’aide aux victimes.
Elle a également versé des dommages et intérêts, mais les victimes critiquent l’opacité des critères.
En décembre, le Vatican a commencé des interrogatoires internes après que le journal El Pas a publié un dossier contenant 251 cas de pédophilie présumée entre 1948 et 2018.
Selon El Pas, le Vatican supervisera, par l’intermédiaire de la Congrégation pour la doctrine de la foi, l’enquête menée par la CEE, une information que l’AFP n’a pas pu confirmer.
Autre signe que l’État s’oriente vers la responsabilisation, le ministère public de l’État a commencé à engager des poursuites pénales contre les religieux, afin de faire une analyse plus précise de la situation.
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