Tir à la corde diplomatique autour de ″Ocean Viking″ | Europe actuelle | DW

Le sort des réfugiés sur le navire de sauvetage « Ocean Viking » en Méditerranée a provoqué des tensions entre l’Italie et la France. Paris a qualifié d' »inacceptable » le refus de Rome d’autoriser le navire à accoster dans l’un de ses ports. Le nouveau ministre italien des Affaires étrangères, Antonio Tajani, a quant à lui décrit la ligne dure de son pays comme un signal aux autres États de l’UE qu’ils doivent faire leur part dans l’accueil des réfugiés. Après des jours d’incertitude, les réfugiés avaient auparavant pu débarquer en Sicile à bord des navires de sauvetage « Geo Barents » et « Humanity 1 ».

Le gouvernement français réagit avec colère

La nouvelle Première ministre d’extrême droite italienne Giorgia Meloni a remercié mardi la France d’avoir voulu embarquer l' »Ocean Viking » avec 234 réfugiés à son bord – sans que la France ne l’ait proposé. Le porte-parole du gouvernement français Olivier Véran a réagi avec colère aux actions de Meloni. Il a également fait expressément référence au soutien financier de l’UE à l’Italie.

« Le bateau est dans les eaux italiennes, les règles européennes sont très claires et ont été acceptées par l’Italie, qui est aussi le plus grand bénéficiaire de l’aide financière de solidarité de l’UE », a déclaré Véran à France TV. L’Italie doit « jouer son rôle » et « respecter ses obligations européennes », a souligné le porte-parole du gouvernement. Le comportement du gouvernement italien est inacceptable.

La Commission européenne demande l’admission des migrants

Dans un communiqué, la Commission européenne a appelé à « l’admission immédiate de toutes les personnes secourues qui se trouvent à bord de l' »Ocean Viking » dans le lieu sûr le plus proche ». La situation à bord du navire est « critique » et une « tragédie humanitaire » doit être évitée.

La Commission européenne fait référence à l’obligation légale des gouvernements d’aider les naufragés

L' »obligation légale de secourir et d’assurer la sécurité de la vie humaine en mer » est « claire et sans ambiguïté », a déclaré la Commission européenne, faisant référence aux 234 migrants à bord du navire. Elle s’applique « quelles que soient les circonstances qui conduisent les personnes à se trouver dans une situation d’urgence ». Dans sa déclaration, la Commission européenne n’a nommé ni la France ni l’Italie, mais a précisé que les gouvernements sont légalement tenus d’aider les naufragés.

Les Nations unies ont appelé l’Italie et l’UE à faire preuve de solidarité avec les migrants. « La politique ne doit pas se faire au détriment des personnes dans le besoin », a averti le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Türk, dans un communiqué.

Les réfugiés restants sont également autorisés à quitter « Humanité 1 ».

Ce n’est qu’après des jours d’incertitude que les autorités italiennes ont autorisé environ 250 réfugiés restants à bord du « Geo Barents » et du « Humanity 1 » à débarquer en Sicile. Plus de 200 personnes ont quitté le « Geo Barents » dans le port de Catane mardi, selon Médecins sans frontières. Selon l’organisation SOS Humanity, 35 réfugiés ont également été autorisés à quitter « Humanity 1 », qui se trouve également à Catane.

Les réfugiés se tiennent en rang dans le port

Les boat people du « Geo Barents » sont autorisés à débarquer dans la ville sicilienne de Catane

Les deux navires sont entrés dans le port dimanche, mais les autorités n’ont initialement autorisé qu’une partie des réfugiés à débarquer. En revanche, « l’Ocean Viking » de l’organisation SOS Méditerranée a demandé l’aide de la France après une recherche infructueuse d’un port sûr en Italie.

Tir à la corde diplomatique entre Rome et Paris

« Compte tenu du silence de l’Italie et de la situation exceptionnelle, l’Ocean Viking a prolongé sa demande d’un lieu sûr en France », a déclaré SOS Méditerranée. La Corse et Marseille ont accepté d’accueillir temporairement le navire.

Le ministre italien des Affaires étrangères, Antonio Tajani

Le ministre italien des Affaires étrangères, Antonio Tajani, décrit la nouvelle stratégie de son gouvernement comme un succès

L’expert français Matthieu Tardis a évoqué un bras de fer diplomatique entre Paris et Rome. Par son attitude, l’Italie remet en cause le mécanisme européen de solidarité, a-t-il averti.

Rome veut une nouvelle façon de traiter les boat people

Le ministre italien des Affaires étrangères Tajani, quant à lui, a qualifié la nouvelle stratégie de son gouvernement de succès. La décision du président français Emmanuel Macron d’ouvrir le port de Marseille à « l’Océan Viking » montre que « les choses bougent », a-t-il déclaré dans un entretien aux médias régionaux, malgré le démenti à Paris. Il abordera la question de l’immigration lors de la prochaine réunion des ministres des Affaires étrangères de l’UE la semaine prochaine.

Le nouveau gouvernement italien avait annoncé un cours restrictif dans le traitement des boat people : le ministre de l’Intérieur Matteo Piantedosi considère que les pays dont les navires de sauvetage naviguent sont responsables des migrants secourus à bord.

nob/qu (dpa, afp, epd)

Nihel Béranger

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