AVIS : La chute de la fragile troisième voie française | Monde

Le premier effet dévastateur du grand partenariat sécuritaire dans la région indo-pacifique qui porte le nom d’Aukus (acronyme des initiales d’Australie, Royaume-Uni et États-Unis en anglais), annoncé au monde en visioconférence à la Maison Blanche, a atteint in Il a rempli un allié présumé de l’Occident pour bloquer l’expansion incessante de la Chine dans ses mers voisines : la rupture unilatérale de l’Australie avec un contrat que la France considère comme le « contrat du siècle » – l’achat d’une flotte de 12 sous-marins à propulsion conventionnelle pour 56 milliards d’euros .

Une longue stratégie patiemment construite par la diplomatie française dans une région chère à ses intérêts l’a accompagné, depuis 2016, sous le gouvernement de François Hollande. En 2018, debout au-dessus de la tête d’un énorme navire de guerre sur la base militaire de Garden Island à Sydney, le nouveau président Emmanuel Macron voulait solennellement croire qu' »une nouvelle ère d’engagement français, au nom d’un équilibre militaire » dans ces eaux , ça commençait enfin.

Plus grand que la perplexité suscitée par le retrait de l’achat australien a été le sentiment d’humiliation qui a atteint le sommet du gouvernement français, pour la manière dont il s’est déroulé : ce mercredi matin (15), quelques heures seulement avant l’annonce faite par Joe Biden à la Maison Blanche, Emmanuel Macron a été informé par le Premier ministre australien Scott Morrison que l’Australie avait troqué l’achat français contre un « package » plus avantageux et plus complet où le transfert de technologie britannique et américaine pèse lourdement sur les nouveaux sous-marins – pas plus que la propulsion conventionnelle, mais le nucléaire – qui sera désormais développé sur le sol national.

L’humiliation est encore plus grande compte tenu des mois où l’accord a été cousu sans que la France s’en aperçoive. Deux semaines plus tôt, le 30 août, les ministres australiens de la Défense et des Affaires étrangères étaient à Paris pour discuter de questions d’intérêt commun et, bien que ce n’était pas une question d’actualité lors de la réunion, ils ont même inclus une phrase sur le communiqué final. « l’importance du programme sous-marin ». Les hauts responsables du gouvernement ont unanimement ressenti la sensation d’avoir été « trompés », « trahis », « diminués », « exclus du jeu » : le ministre des Affaires étrangères Jean Yves Le Drian a qualifié le comportement de ses partenaires de « brutal et imprévisible ». « Un coup dans le dos », a-t-il dit, « à la manière de Donald Trump ».

Les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Australie signent un pacte de sécurité historique

On se demande s’il fait encore doute que l’inélégance et le manque d’éthique se soient introduits dans la politique étrangère américaine quel que soit celui qui est à la tête des États-Unis d’Amérique, étant donné la croissance chinoise incontrôlable et son habile mouvement de pièces sur l’échiquier géopolitique de le monde, notamment dans la mer qui baigne le sud de cet immense pays. Par ailleurs, dans la vaste région Asie-Pacifique, qui abrite les deux tiers de la population mondiale et génère 60 % de l’économie de la planète, la Chine a mis en place la stratégie du « collier de perles », une voie vitale pour les flux d’importations chinoises et exportations, où 14 bases militaires ont déjà été réparties et, depuis janvier, elle est gardée par un puissant garde-côtes institué par décret.

Les tensions provoquées par la nouvelle alliance, qui ont conduit la France à appeler ses ambassadeurs aux États-Unis et en Australie à Paris, mettent la soi-disant « troisième voie » française, l’option de la voie médiane défendue au nom d’une prétendue indépendance politique. . , économique et stratégique au service de la dissuasion de la prolifération nucléaire et d’un système européen d’autodéfense qui ne décolle pas.

En visioconférence de mercredi, Joe Biden a tenu à rappeler l’alliance « au coude à coude » des États-Unis, du Royaume-Uni et de l’Australie en Irak, une guerre déclarée sur la base de fake news des armes chimiques de destruction que la France a refusé de à bord. Fait intéressant, ce fut le dernier geste de rébellion de la diplomatie française, en 2003 : depuis lors, au nom d’une posture « fidèle alliée » qui la relègue année après année au second plan sur la scène internationale, la France semble perdre son masse musculaire. . Il devra le récupérer rapidement, car si la maladresse et le manque d’éthique commencent déjà à être identifiés à Paris comme des signes de désintégration hégémonique américaine, les journaux chinois osent déjà qualifier Biden de « chef de gang de rue » et rien ne semble pire et plus menaçante pour l’humanité que la nucléarisation des eaux indo-pacifiques.

Elizabeth Carvalho est correspondante pour GloboNews et TV Globo à Paris

Nihel Beranger

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