Béatrice Venezi a un secret. Ce qui fait d’être l’une des rares femmes chefs d’orchestre au monde à travailler avec des orchestres de niveau international – du Japon à la Biélorussie, du Portugal au Liban, du Canada à l’Argentine et jusqu’au Japon et à l’Arménie – et à collaborer avec des des interprètes du calibre de Bruno Canino et Andrea Bocelli ou des orchestres comme celui du théâtre Le phénix ouais Nouvelle Philharmonie du Japon. Son secret est qu’à 31 ans, il combine ce talent avec la force tout aussi volontaire et la grâce douce de le guider avec une conscience très naturelle. Tout comme les courageuses héroïnes qui accompagnent sa nouvelle aventure d’enregistrement. Son nouvel album sur le label Warner Music Italia s’appelle Héroïnes et c’est un voyage de deux siècles à travers l’histoire de la musique à travers quelques-unes de ses figures les plus représentatives. L’œuvre de Beatrice Venezi, qui profite de la collaboration de l’Orchestre Haydn de Bolzano et Trente vient plus tard Mon parcours – uvre symphonique de Puccinis’il raconte l’émancipation des femmes à travers des héroïnes controversées de la tradition historique et lyrique telles que Giovanna D’Arco, Salomè, Medea, Evita, Lady Macbeth à travers les yeux de Shostakovic, Verdi, Strauss et bien d’autres grands du classique.
Dans ce disque, il parle de femmes très différentes, mais unies par un dénominateur commun : la force.
« Force dont on a encore trop souvent trop peu conscience. Comme je l’ai aussi dit dans mon dernier livre les soeurs de mozart, on parle encore trop de « sœurs de », « filles de » et peu de la taille spécifique du personnage. Avec Héroïnes J’ai voulu présenter un imaginaire collectif féminin varié et apprécié de tous, notamment des nouvelles générations. Toutes mes héroïnes proposent différents aspects de la féminité et de la féminité : il y a une championne de la liberté comme Jeanne d’Arc, mais aussi la sensualité de Salomé, l’amour absolu d’Isolde, le vrai féminisme d’Evita Peròn, la conquête de la liberté par le meurtre de Macbeth, l’infanticide pour se venger de Médée. Des personnages variés avec pour dénominateur commun le courage, la ténacité, la persévérance dans lesquels chaque femme peut trouver une part d’elle-même. Et, peut-être, par propriété inverse, il peut aussi définir un peu de lui-même ».
Laquelle de ces héroïnes vous représente le plus actuellement ?
« A éviter, sans l’ombre d’un doute. Et pas seulement parce que je viens de rentrer d’Argentine, mais aussi parce que j’étais passionné par son combat acharné pour les droits civiques. C’est elle qui a convaincu le gouvernement de son mari d’accorder le suffrage universel, après tout. Et puis son personnage a forcément influencé la perception de la figure féminine en Argentine, où il n’y a pas tous les préjugés que l’on trouve dans notre pays ».
Et s’il découvrait une héroïne contemporaine, qui choisirait-il ?
« Ce sont toutes des mères de famille actives qui se réveillent le matin et font tout pour conjuguer vie de famille et carrière. Ce sont les femmes courageuses qui ont pris soin de la santé physique et mentale de la famille pendant la pandémie. Pourtant notre pays est encore trop peu attentif à ces questions et à la mesure dans laquelle les femmes sont de saines porteuses d’héroïsme ».
Elle semble d’abord être une héroïne, mais du quotidien.
«Je n’ai pas de moments aussi, en vérité. J’aime sortir de ce récit du chef d’orchestre de super-héros levant son bâton et faisant le miracle. C’est un travail de dévouement, de nombreuses défaites, d’affrontements avec certains parfois. Nous ne sommes pas à l’abri des difficultés. Nous sommes et je suis faillible, comme tout le monde ».
Fallible, mais n’a jamais échoué.
«Ce qui est la grande force des femmes, d’abord : l’intensité peut parfois s’estomper, mais elle ne s’épuise jamais, malgré tout. Nous devons construire ce nouveau récit chaque jour et j’essaie de le faire avec mon travail, avec cet album, avec un travail concret de sensibilisation. La première étape pour nous tous, à mon avis, est d’être de plus en plus conscients de notre valeur profonde ».
Quelles ont été vos premières héroïnes ?
«Ma mère, qui était et est à chaque instant. Mon premier professeur de piano, à travers qui j’ai découvert mon talent, au vrai sens de l’éducation. Et ma prof d’anglais au lycée : une femme blonde, très cultivée et belle qui m’a fait la démonstration vivante de combien charme et vocation pouvaient coexister ».
Ayant découvert son talent, le succès qui l’a amenée à être une chef d’orchestre de renommée internationale est vite arrivé. Comment gères-tu ça?
«Je le vis comme quelque chose de tellement normal et quotidien que je ne le gère pas, je ne le perçois pas. Je suis extrêmement autocritique, pour moi tout n’est jamais assez. Et puis je travaille dans un secteur où on part avec un handicap : quand une femme monte sur le podium, elle est jugée, quel que soit le cursus qu’elle a acquis au fil des années. Cela n’arrive pas à un homme. Et toujours devoir prouver quelque chose rend heureux mais ne donne jamais vraiment l’impression que l’objectif est atteint ».
“Coffee addict. Lifelong alcohol fanatic. Typical travel expert. Prone to bouts of apathy. Internet pioneer.”