Élections en France : qui défiera Macron ? | Europe | DW

Avant, ce qui était excitant avec les élections présidentielles en France, c’était le second tour. A cette époque, les électeurs devaient décider s’ils voulaient un social-démocrate ou un conservateur à l’Elysée. Avec les dernières élections présidentielles, cette vieille dichotomie a pris fin.

En 2017, aucun des deux courants politiques n’a réussi à atteindre le second tour. L’indépendant Emmanuel Macron et l’extrême droite Marine Le Pen étaient en tête. Auparavant, un scandale de corruption avait ruiné les bons résultats dans les sondages de l’ancien Premier ministre conservateur François Fillon.

À six mois de la prochaine élection présidentielle, prévue en avril 2022, les observateurs politiques semblent vivre une déjà vu: Depuis des mois, les sondages prédisent un nouveau second tour Macron-Le Pen voire un duel entre Macron et l’extrême droite Eric Zemmour. Ce publiciste a commencé comme un arriviste en politique et fait maintenant campagne avec des commentaires racistes et islamophobes.

Un second tour des élections Macron-Le Pen 2017 aura-t-il à nouveau lieu en 2022 ?

Si Zemmour n’a pas encore officiellement annoncé sa candidature à l’Elysée, cela pourrait arriver d’ici quelques jours. S’il y parvient, il serait un danger modéré pour Le Pen par rapport à l’essayiste. Mais Zemmour cible également les conservateurs, a déclaré le chercheur d’extrême droite Jean-Yves Camus à DW. « Zemmour attire non seulement ceux qui votent pour Le Pen, mais aussi et surtout les personnes âgées et les partisans conservateurs de Los Republicanos, qui en 2017 ont voté pour Fillon », a expliqué l’analyste de la Fondation Jean Jaurès.

« Les républicains ont, d’une part, des adhérents modérés qui en Allemagne, par exemple, voteraient pour l’Union chrétienne-démocrate (CDU) conservatrice, mais ils ont aussi des électeurs qui, en Allemagne, sympathiseraient avec l’Alternative d’extrême droite pour l’Allemagne (AfD Autrement dit, parmi les conservateurs, il y a actuellement des électeurs qui sur les questions d’immigration et de politique identitaire ne peuvent plus être considérés comme modérés », souligne Camus.

Polémiste radical en mode électoral : Éric Zemmour.

Polémiste radical en mode électoral : Éric Zemmour.

Dans les trois débats préélectoraux à la télévision, on a vu combien il est difficile pour les cinq candidats d’avoir un profil indépendant. D’une part, il y a la pression du président Macron, qui il y a des années a amené les conservateurs à ses côtés et a élevé d’anciens confidents de Sarkozy à des postes de premier plan, comme le Premier ministre Jean Castex.

De l’autre côté, il y a l’extrême droite avec son programme radical. Pris en sandwich entre ces deux pôles, les candidats du parti Sarkozy ont décidé de virer à droite. L’ancien commissaire de l’Union européenne Michel Barnier se bat avec Bruxelles dans la campagne des primaires et veut « reprendre le contrôle » de la France. Barnier appelle à un moratoire sur la politique d’immigration et d’asile. Ce 70 ans est également critique à l’égard de l’accord de Schengen.

Elle veut être la première présidente de France : Valérie Pécresse.

Elle veut être la première présidente de France : Valérie Pécresse.

On ne s’attend pas non plus à ce que Valérie Pécresse et Xavier Bertrand mènent une campagne électorale polie, comme celle que Macron a menée il y a cinq ans. Les deux hommes politiques ont, selon les sondages, le plus grand soutien de la population. Mais eux aussi ont intensifié leur discours. Bertrand est contre l’UE et veut renforcer l’État national, en plus de durcir les lois sur l’immigration et de refuser aux immigrants illégaux l’autorisation de rester, même après avoir vécu en France pendant des années. Aussi, selon leurs plans, l’immigration devrait être soumise à un système de quotas.

Pécresse, l’ancien ministre du budget de 54 ans, qui avait quitté les Républicains en 2019 en raison de la politique de droite de l’alors chef du parti Laurent Wauquiez, souligne les mêmes aspects : il veut aussi un moratoire sur l’immigration, bien que moins strict que Barnier, et met l’accent sur la lutte contre l’immigration clandestine.

Le parti a ajouté environ 70 000 nouveaux membres en l’espace de 10 semaines, passant de 80 000 à près de 150 000. La plupart des analystes estiment que Pécresse et Bertrand, 56 ans, sont les favoris dans la course à la présidence. Pécresse est chef du gouvernement de la région Île-de-France et Bertrand présidente du conseil régional des Hauts-de France, dans le nord du pays, où elle l’a emporté sur le Rassemblement national de Le Pen.

Quels sont les thèmes de la campagne ?

Les thèmes dominants de cette campagne électorale prédisent que la migration et la sécurité pourraient ne pas être au premier plan. Selon un sondage Yougov, le pouvoir d’achat est au centre des préoccupations de nombreux électeurs.

Et aussi la vertigineuse ascension du Zemmour semble avoir perdu l’épaulé-jeté. Un sondage lui attribue un rejet croissant de la population. Plus des deux tiers des Français la jugent antidémocratique, raciste et dangereuse.

Camus a souligné qu' »aucun des candidats ne nie les vrais problèmes d’intégration des migrants, ceux de l’islamisme radical ou ceux de l’influence étrangère sur les musulmans en France. Mais ils savent aussi que la politique concrète d’un président est plus que des sujets de débat d’un polémiste ».

(cp/ms)

Nihel Béranger

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