La France s’abstiendra de nouveau jeudi 16 novembre lors du deuxième vote sur la prolongation de l’approbation de l’herbicide controversé glyphosate pour la prochaine décennie, a déclaré mercredi le ministre français de l’Agriculture, Marc Fesneau.
Le 13 octobre, les États membres ont voté à huis clos Comité permanent des végétaux, des animaux, des denrées alimentaires et des aliments pour animaux (Comité PAFF) n’a pas atteint la majorité qualifiée requise pour autoriser l’utilisation du glyphosate pendant encore dix ans.
Il a été convenu qu’un autre vote aurait lieu dans la première quinzaine de novembre.
Mais « s’il n’y a pas de changement, il n’y a aucune raison de changer la façon dont les gens votent », a déclaré Fesneau mercredi matin. Infos France.
Lors du premier vote en octobre, la France a justifié son abstention en affirmant qu’elle souhaitait réduire l’utilisation du glyphosate sans pour autant l’interdire complètement.
« Nous sommes le seul pays au monde à avoir réduit l’utilisation du glyphosate de 30 pour cent », a affirmé Fesneau, ajoutant qu' »aucun pays européen n’a arrêté d’utiliser le glyphosate » faute d’alternatives.
La France a progressivement réduit l’utilisation du glyphosate ces dernières années, réduisant récemment la quantité utilisée de 27 pour cent par rapport à la période 2015-2017, bien qu’il y ait eu une augmentation de 42 pour cent entre 2019 et 2020, selon les chiffres du ministère.
L’Allemagne, l’Autriche et le Luxembourg – le seul pays à avoir totalement interdit le désherbant – devraient à nouveau voter contre cette prolongation jeudi. Les trois pays ont voté contre la proposition de la Commission lors du premier vote.
Réactions
« Je condamne la lâcheté et l’hypocrisie de la France sur la question du glyphosate. S’abstenir de voter sans proposer d’alternative, c’est laisser la Commission européenne décider seule et ainsi laisser passer sa proposition inacceptable », a déclaré mercredi l’eurodéputé socialiste Christophe Clergeau sur X.
L’eurodéputée Stéphanie Yon-Courtin (Renew) a défendu la position française et qualifié la proposition de la Commission d’« inacceptable ».
« Nous souhaitons une harmonisation de l’approche restrictive française », « mais qu’offrons-nous aux agriculteurs ? Ils ont besoin d’un filet de sécurité », a-t-elle déclaré.
Depuis plusieurs jours, ONG, associations d’agriculteurs et organisations de consommateurs demandent à Fesneau de reconsidérer sa position.
Outre l’étude de l’OMS de 2015 classant le glyphosate comme probablement cancérigène et la plus récente étude italiennequi relie l’exposition au glyphosate à la leucémie, le groupe souligne également la promesse faite en 2017 par le président français Emmanuel Macron d’interdire l’herbicide « d’ici trois ans ».
« Je vous assure que je m’intéresse à la santé des Français », a souligné Fesneau, reconnaissant que sans alternative efficace, « une interdiction totale n’est pas possible ».
Ceux qui, comme Fesneau, s’opposent à une interdiction sans alternative en vue s’appuient sur les dizaines de régulateurs (dont l’EFSA) qui ont conclu que le risque cancérigène du glyphosate était improbable.
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