Le ministre français de la Justice Dupond-Moretti acquitté – politique

« Libre et innocent » : la Cour de justice de la République de Paris a acquitté le ministre français de la Justice Éric Dupond-Moretti des accusations d’abus de pouvoir et de mélange illégal d’intérêts, sauvant ainsi son mentor, le président Emmanuel Macron, d’une crise politique. Le parquet avait requis un an de prison avec sursis car il estimait avéré que le ministre avait utilisé sa fonction publique pour se venger de quatre procureurs avec lesquels il s’était affronté au cours de sa précédente carrière d’avocat.

Pour Dupond-Moretti, 62 ans, l’acquittement est un triomphe, politiquement et personnellement. S’il avait été reconnu coupable, il aurait probablement dû démissionner de ses fonctions. Jamais dans l’histoire de la Ve République, depuis 1958, un ministre n’avait été jugé alors qu’il était en fonction. La première était d’autant plus spectaculaire qu’elle concernait le ministre de la Justice.

Il fut un éminent avocat et est considéré comme le « Chouchou » du président.

Dupond-Moretti est un membre éminent du gouvernement français, peut-être le plus éminent de tous. Lorsque le célèbre ancien avocat pénaliste a été convaincu par Emmanuel Macron de se lancer en politique il y a trois ans et demi, cela a été considéré comme un coup d’État majeur, quoique controversé, par le président. Dupond-Moretti est indépendant. Macron a ainsi pu donner l’impression aux Français que des personnalités de la société civile étaient également derrière son projet politique. Le ministre de la Justice est considéré comme le favori de Macron au sein du cabinet, le « Chouchou » du président. Les deux se rencontrent aussi souvent en privé en compagnie de leurs épouses.

Mais parmi les procureurs et les juges du pays, cette nomination a été perçue comme une provocation : en tant qu’avocate, Dupond-Moretti, oratrice éloquente et rarement subtile, avait souvent vivement critiqué sa catégorie – et vice versa. La Cour de justice de la République, qui comprend trois juges professionnels et douze parlementaires, avait désormais enquêté sur l’accusation selon laquelle Dupond-Moretti s’était vengé de quatre procureurs avec lesquels il s’était autrefois affronté en tant qu’avocat – et qu’il avait mené cette vendetta en tant que ministre et a ainsi abusé de sa fonction.

Plus précisément, il s’agissait du fait qu’il avait engagé une procédure interne contre les avocats désagréables afin de les incriminer. Les inspections n’ont eu aucune conséquence, mais ce qui comptait pour l’accusation, c’était la tentative : le mélange illégal d’intérêts privés et publics. Lors du procès, Dupond-Moretti a affirmé que ce n’était pas lui qui avait initié les procédures administratives, mais son chef de cabinet. Il semblait souvent nerveux et bouleversé, mais il était présent chaque jour du procès. Il est resté en fonction pendant les trois semaines de son procès, ce qui a suscité beaucoup de colère au sein de l’opposition et de l’opinion publique. Au début de sa présidence, Macron a annoncé que les ministres accusés devraient démissionner immédiatement.

Nihel Béranger

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