Menacée par une rivale d’extrême droite, Marine Le Pen rencontre des dirigeants nationalistes européens – 24/10/2021

La candidate à la présidentielle française 2022 Marine Le Pen, leader du traditionnel parti d’extrême droite Réunion nationale, est en tournée internationale pour marquer le territoire des leaders nationalistes européens. Pour la première fois, elle doit affronter un concurrent sérieux au sein de son propre camp d’extrême droite, le journaliste controversé Eric Zemmour, qui monte dans les sondages des intentions de vote en France.

La candidate à la présidentielle française 2022 Marine Le Pen, leader du traditionnel parti d’extrême droite Réunion nationale, est en tournée internationale pour marquer le territoire des leaders nationalistes européens. Pour la première fois, elle doit affronter un concurrent sérieux au sein de son propre camp d’extrême droite, le journaliste controversé Eric Zemmour, qui monte dans les sondages des intentions de vote en France.

Après avoir rencontré vendredi (22) le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki, à Bruxelles, Le Pen part pour Budapest pour être reçu par le Premier ministre ultra-conservateur Viktor Orban, mardi (26). Tous deux donneront, ensemble, une conférence de presse.

« Etre accueillie par un chef d’Etat par intérim est un signe de respectabilité pour elle », a déclaré à l’AFP le politologue Jean-Yves Camus, spécialiste des partis et mouvements d’extrême droite.

Il y a environ un mois, Orban a également accueilli Zemmour, qui n’a pas encore officialisé sa candidature, mais est techniquement à égalité avec Le Pen dans les sondages pour les élections françaises, avec environ 17%. Lors de son voyage en Hongrie, le journaliste a toutefois dû se contenter d’un entretien privé avec le Premier ministre, en marge de un meeting de la droite conservatrice qui a eu lieu dans le pays En septembre.

J’aime l’aile radicale du parti

Lorsqu’elle est vue côte à côte avec Orban, qui exprime des positions sans compromis sur l’immigration et les personnes LGBT+, la politique fait signe à l’aile radicale de ses électeurs. Ces militants, mécontents du ton plus modéré qu’a adopté le parti de Le Pen ces dernières années et de la rupture avec le fondateur de l’acronyme, Jean-Marie Le Pen, père de Marine, risquent de changer le vote aux prochaines élections.

« Marine Le Pen veut se souvenir qu’elle existe », a résumé l’historien Nicolas Lebourg. « Elle a besoin de ‘bombarder’ à nouveau sa propre image, de dire à cet électorat tenté par Zemmour que s’il s’agit d’autoritarisme, elle a aussi des références », ajoute le co-auteur d' »Extreme Rights in Europe », écrit avec Camus.

Au courant du potentiel de sa candidature, Zemmour n’a pas raté l’occasion d’aiguiller le leader historique de l’extrême droite française. Dans une interview ce dimanche, il a déclaré qu’elle « n’a aucune chance d’être élue » donc « voter pour elle ne sert à rien ».

Alliance souveraine européenne

Marine Le Pen et Viktor partagent leur vision de l’Union européenne. Elle prône « une Europe des nations » et de la coopération, et renonce en 2017 à l’idée que la France abandonne l’UE (« Frexit ») et l’euro, tandis que lui, malgré des conflits réguliers avec Bruxelles et sur l’Etat de droit, exclut une sortie de bloc.

Un autre point commun est la lutte contre l’immigration. Marine Le Pen a récemment présenté un projet de référendum sur cette question, dans le même sens que défend Viktor Orban, farouche opposant à l’accueil des réfugiés musulmans, au nom de « l’identité culturelle européenne ».

Pourtant, pendant longtemps, Viktor Orban n’a pas voulu apparaître avec le leader de l’extrême droite française. « Sa position a considérablement changé depuis que son parti, le Fidesz, a quitté le groupe PPE (droite) au Parlement européen » en mars 2021 et se retrouve plus isolé, explique Eszter Petronella Soos, politologue hongroise spécialiste de la France. La rencontre nationale française fait partie du groupe européen Identité et démocratie, mais depuis la scission entre le Fidesz et le PPE, « Orban est plus ouvert et essaie de construire une nouvelle alliance entre la droite et la droite », souligne-t-il.

Selon Marine Le Pen, cette rencontre à Budapest a été organisée après la publication, en juillet, d’une « déclaration commune » entre le candidat RN et une quinzaine d’alliés européens, dont Orban, en vue d’une alliance au Parlement européen pour  » réformer l’Europe ».

Si ce grand groupe souverainiste voit le jour, « l’idée est qu’il puisse suivre le groupe PPE pour que le rapport de force entre les deux droites, la classique et la nationaliste-populiste, soit plus favorable aux nationalistes », observe Jean-Yves Camus.

Cependant, Lebourg souligne qu' »il serait surprenant que les choses aillent vite » en faveur d’un groupe commun entre le RN et le Fidesz, tant il existe de grandes divergences entre les deux partis sur l’économie et sur les questions sociales.

Avec les informations de l’AFP

Nihel Béranger

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