Un expert français affirme que la loi anti-musulmane de la France est basée sur des informations statistiques très faibles

Le politologue et sociologue français Vincent Geisser a déclaré mercredi 28 juillet que la loi controversée visant à « renforcer le respect des principes de la République » en France repose sur un diagnostic sociologique issu d’informations statistiques extrêmement faibles.

Dans un entretien à l’Agence Anadolu, l’universitaire membre du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et du Centre de recherche et d’études des mondes arabe et musulman (IREMAM), s’est exprimé sur la loi, critiquée pour avoir agressé et marginalisé directement les musulmans. en France.

Il a rappelé que le gouvernement français avait invoqué le « séparatisme islamique » comme raison pour promulguer la loi.

« Malgré toutes les ressources de l’État, aucune donnée quantitative respectable n’a été trouvée pour étayer l’argument que le gouvernement a utilisé pour défendre la loi sur le séparatisme », a-t-il ajouté.

Geisser a assuré que la France, qui est un État laïc en principe, ne devrait pas s’immiscer dans les affaires religieuses quoi qu’il arrive, mais qu’elle intervient désormais dans les affaires des mosquées, des imams, des associations et des écoles de musulmans.

« Cependant, la loi renforcera la légitimité de l’État à s’ingérer dans les affaires des musulmans, les surveiller, les contrôler et les réprimer. Elle rendra légale l’intervention excessive de l’État français dans les affaires des musulmans, elle créera une base légale. pour cela », a-t-il ajouté.

Voir également: Quelle est la loi française controversée critiquée pour marginaliser les musulmans

Geisser a souligné que la France transfère au présent les comportements et les institutions de l’époque coloniale, lorsqu’elle dominait un grand nombre de pays à majorité musulmane.

« Oui, il est possible de parler d’un héritage historique de la période coloniale. La France a directement dominé l’Islam avec un interventionnisme extrême dans les terres qu’elle a colonisées. Comme le disent mes confrères : ‘L’exception musulmane à la laïcité' », a-t-il déclaré.

« La France laïque est intervenue directement dans les affaires religieuses dans ses territoires coloniaux, a nommé des imams, désigné des mosquées officielles et officieuses, surveillé des associations musulmanes et interdit certaines. C’est qu’aujourd’hui il y a une continuité de cela », a-t-il ajouté.

L’expert a assuré que cette continuité ne découle pas seulement de l’expérience coloniale, mais aussi de la manière dont l’État français a traité les autres minorités religieuses tout au long de son histoire.

Geisser a déclaré que la communauté internationale ne peut pas comprendre l’attitude obsessionnelle de la France contre les musulmans, en particulier contre leurs symboles religieux.

« Les Etats-Unis ne peuvent pas comprendre l’obsession de la France contre les musulmans, et les critiques. Ils se demandent : ‘Pourquoi la France parle-t-elle toujours d’islam, d’imams et de mosquées quand les choses vont mal ?' », a-t-il ajouté.

Le sociologue a indiqué que les pays laïcs mais à majorité musulmane, dont la Turquie et la Tunisie, ne comprennent pas non plus la laïcité française et défendent que laïcité et oppression ne doivent pas se conjuguer.

Les personnes recrutées par les extrémistes sont souvent celles qui ne visitent pas les mosquées

Geisser a souligné qu’il n’était pas d’accord avec le fait que les groupes dits « djihadistes » alimentaient l’islamophobie, ajoutant que ces groupes recrutent certains types de personnes.

« Ce sont généralement ceux qui fréquentent peu les mosquées ou les associations musulmanes. En revanche, ceux qui fréquentent les mosquées et les associations brandissent souvent le drapeau français pour exprimer : ‘Nous sommes des musulmans français' », a-t-il ajouté.

Il a déclaré que les discussions sur l’islam dans le pays alimentaient le désir des musulmans de concilier leur religion avec leur sens de la citoyenneté et a noté que les associations, les mosquées et les imams travaillaient dur pour lutter contre le terrorisme et soutenir ses victimes.

L’expert a souligné que cet effort et les initiatives de la communauté musulmane, y compris les condamnations et les marches contre le terrorisme après divers attentats, sont sabotés et occultés au profit de discours idéologiques.

« C’est comme s’il y avait une amnésie française permanente. On oublie que les musulmans ont beaucoup travaillé dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme, ils y ont même contribué plus que certains Français », a-t-il ajouté.

Geisser a assuré que le discours politique idéologique a perdu son lien avec la réalité et qu’il est « inadmissible de priver la France du soutien des associations religieuses qui aiment la France au point de décorer leurs réunions de leur drapeau, et des musulmans qui s’en soucient tant beaucoup pour leur pays de vouloir que leurs enfants soient policiers. »

*Aicha Sandoval Alaguna a contribué à la rédaction de cette note.

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Nihel Béranger

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