La France, pays européen par excellence du centralisme et de l’uniformité linguistique, a adopté jeudi une loi protégeant les langues régionales. L’Assemblée nationale a adopté avec 247 voix pour et 76 contre un texte, déjà approuvé en décembre par le Sénat, qui facilitera l’immersion linguistique dans les écoles publiques des régions françaises où l’on parle catalan, basque, occitan, corse, alsacien ou breton. , chaque fois que les parents et les éducateurs le demandent. La loi, qui n’a pas eu le soutien du gouvernement français, a été avancée à l’initiative d’un petit groupe parlementaire et d’un député breton, Paul Molac. Il bénéficiait d’un large soutien au sein de l’opposition, mais aussi de députés de La República en marche (LREM), le parti du président Emmanuel Macron.
En plus de faciliter l’immersion ou l’enseignement d’autres matières dans les langues minoritaires, la loi permettra de subventionner les écoles privées bilingues dans les lieux où l’accès à l’enseignement dans ces langues n’est pas possible dans le système public, et favorisera la signalétique et la communication bilingue dans les régions qui le souhaitent.
Les langues régionales sont très fragilisées en France, une République construite sur l’idée qu’une langue et un système éducatif uniques étaient la garantie d’une nation de citoyens « libres et égaux », comme inscrit dans les textes fondateurs. L’usage social, et encore moins administratif, de ces langues est limité. La demande pour les nouvelles possibilités offertes par la loi reste à voir. Sur les 12 millions d’élèves du système scolaire français, quelque 170 000 sont scolarisés dans leurs langues régionales.
L’article le plus controversé est celui qui permet d’accéder à ce qu’on appelle « l’enseignement immersif ». C’est un terme qui inquiète beaucoup dans le pays et que le Gouvernement voit en contradiction avec l’article 2 de la Constitution, qui consacre le français comme langue de la République. Les défenseurs de la loi citent la jurisprudence du Conseil constitutionnel, selon laquelle « l’usage d’une autre langue que le français ne peut être imposé aux étudiants (…) dans des disciplines autres que celles de la langue en question ». Selon cet argument, « elle ne peut pas être imposée », mais elle peut « être proposée ». Cela ne signifie pas qu’il n’y aura d’écoles qu’en basque ou en catalan, puisque les parents et les enseignants doivent d’abord le demander, mais cela signifie qu’il y aura plus de facilités pour que d’autres matières soient apprises dans ces langues.
« Cette loi marque une forme de rupture dans l’acceptation des langues régionales par la France, une inflexion d’une longue tendance de notre histoire », a déclaré à EL PAS l’un des membres de la majorité présidentielle qui a voté en sa faveur, Romain Grau, Député LREM de Perpignan et catalan. « Pendant longtemps, la République a considéré l’apprentissage des langues régionales comme une marque d’archaïsme. Aujourd’hui, il commence à être accepté qu’il existe un cadre plus permissif ».
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