Le BCP du Portugal poursuit le Mozambique dans le dernier cas de scandale de la dette de 2 milliards de dollars

JOHANNESBURG/LISBONNE, 16 avril (Reuters) – La Banco Comercial Portugues (BCP) a intenté une action en justice contre le Mozambique, devenant ainsi la dernière banque à poursuivre cet État d’Afrique de l’Est lourdement endetté, qui est impliqué dans un scandale de dette de 2 milliards de dollars.

Un dossier daté du 8 avril montre que la BCP a engagé une procédure devant la Haute Cour de Londres contre le gouvernement mozambicain et la société d’État Mozambique Asset Management (MAM) concernant des « contrats et arrangements commerciaux généraux ».

BCP a refusé de commenter, mais a déclaré qu’il entretient « d’excellentes relations institutionnelles » avec le gouvernement mozambicain. Le dossier du tribunal de Londres ne fournit aucune autre information, si ce n’est que BCP est représenté par Enyo Law.

Le bureau du procureur général du Mozambique n’a pas immédiatement répondu à une demande de commentaires jeudi.

MAM est l’une des trois entreprises publiques créées dans le cadre d’un projet de 2 milliards de dollars couvrant la pêche au thon, le développement des chantiers navals et la sécurité maritime qui, selon les autorités américaines, était une façade élaborée pour un programme de corruption et de pots-de-vin.

BCP a versé 100 millions de dollars sur un prêt syndiqué de 535 millions de dollars organisé par le VTB russe à MAM dans le cadre du projet, ont montré des documents judiciaires de VTB dans une affaire distincte qui ont été examinés par Reuters.

VTB et Credit Suisse, qui sont tous deux impliqués dans des affaires judiciaires distinctes exigeant le paiement du Mozambique, ont organisé ensemble environ 2 milliards de dollars de prêts pour le projet en 2013 et 2014, tous garantis par le gouvernement.

Le Mozambique, qui en plus d’être l’un des pays les plus pauvres du monde est aussi l’un des plus endettés, a tenté de contester la validité de certaines des garanties et arrêté plusieurs personnes pour leur rôle présumé dans le scandale, mais il reste accroché pour tout l’argent.

Son économie s’était remise de l’impact du scandale jusqu’à la crise mondiale des coronavirus, qui devrait frapper plus durement les pays vulnérables avec des niveaux d’endettement élevés.

Les ratios dette extérieure et publique/PIB du pays s’élevaient déjà à 99 % et 118 % fin 2019, selon la Banque mondiale.

Des centaines de millions de dollars ont disparu et les avantages supposés du projet ne se sont jamais matérialisés, tandis que le gouvernement mozambicain n’a pas non plus divulgué certains des prêts.

Le scandale a déclenché des poursuites pénales et civiles sur trois continents.

Cela a également incité les donateurs, dont le Fonds monétaire international (FMI), à suspendre leur soutien lorsque les prêts ont été dévoilés en 2016, provoquant un effondrement de la monnaie et un défaut de paiement de la dette souveraine.

Les militants de la dette disent que le Mozambique ne devrait avoir à rembourser aucun des prêts, qui dans deux cas ont été arrangés en secret et dont aucun n’a été approuvé par le parlement. (Reportage d’Emma Rumney à Johannesburg et Victoria Waldersee à Lisbonne; Montage par Alexander Smith)

Nihel Béranger

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