Merkel et Macron à Paris : déjeuner de travail au lieu de dîner d’adieu – politique

A l’Élysée, il est important de ne pas tomber dans le sentimentalisme. Oui, le mandat d’Angela Merkel touche à sa fin. Mais non, quand la chancelière allemande vient à Paris jeudi soir pour un repas avec le président Emmanuel Macron, il ne s’agit pas encore de se dire au revoir. Il s’agit de continuer à travailler. Afghanistan, coopération européenne en matière de protection du climat, politique de défense, les enjeux sont grands et urgents.

A Paris, il a été souligné que la campagne électorale allemande n’affecterait pas l’efficacité de la coopération. Mais au-delà de l’affirmation, la nervosité s’installe petit à petit. Avec Olaf Scholz (SPD) et Armin Laschet (CDU), des amis dévoués de la France se présentent à la Chancellerie, mais l’Élysée s’attend à des mois difficiles. La campagne électorale allemande montre beaucoup d’imprévisibilité, disent-ils. En d’autres termes : il est à craindre que les longues négociations de coalition à Berlin ralentissent la coopération franco-allemande, voire toute la politique européenne à Bruxelles.

Macron a vécu ce que cela signifie lorsque Berlin est occupé à se découvrir en 2017. Fraîchement élu au printemps, il a prononcé le 26 septembre son célèbre discours de la Sorbonne avec la vision d’une Union européenne forte, unie et approfondie. Une grosse prime française deux jours après les élections législatives allemandes. A ce moment-là, l’impression est née qui allait façonner la relation Macron/Merkel : Macron se précipite, Merkel attend. A cette époque, toute l’Allemagne attendait. Le nouveau gouvernement n’a été formé qu’en mars 2018.

Le thème principal est « Souveraineté européenne »

La France redoute l’effet frein de nouvelles négociations de coalition compliquées, principalement parce que les mois à venir y comptent surtout. Il assumera la présidence du Conseil de l’UE en janvier et la phase finale de la campagne électorale présidentielle commencera dans le pays. Même si la candidature de Macron n’est pas encore officielle : personne ne doute que le président sortant se présentera à sa réélection en avril 2022. La présidence du Conseil de l’UE se veut aussi un moyen de convaincre les électeurs de l’affirmation de Macron sur les questions européennes. Mais cela ne peut réussir que si la recherche d’un gouvernement à Berlin est achevée.

En tête de liste des dossiers bruxellois que la France veut négocier avec l’Allemagne se trouve la « souveraineté européenne ». Le slogan est une formule favorite à l’Élysée. Défense, santé, changement numérique, émissions de CO₂ : sur les grands dossiers, Paris plaide plus que Berlin pour une solution paneuropéenne – que certains critiques allemands verraient comme une solution franco-européenne.

Le fait que les questions de politique européenne jouent à peine un rôle dans la campagne électorale allemande est attentivement enregistré à Paris. On peut le voir positivement, dit-on depuis l’Élysée, et en conclure qu’aucun parti capable de gouverner en Allemagne ne remet en cause l’adhésion à l’UE. Vu de manière plus pessimiste, on pourrait aussi avoir l’idée que l’Allemagne se replie sur elle-même.

Nihel Béranger

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